samedi 27 octobre 2012

jeudi 25 octobre 2012

Empreintes footballistiques



Corine Franco 
Avec Sarah
... et Sonia


FOOTBALL - Louisa Necib, milieu de terrain de l'équipe de France de foot, est une fille presque comme les autres...

Meilleure joueuse du match. De quoi poser une réputation. Louisa Necib, milieu de terrain de l’équipe de France féminine, qui affronte jeudi le Canada, a été désignée meilleure joueuse après le premier affrontement (contre le Nigéria) de la Coupe du monde disputée en Allemagne. Elle a su faire parler sa technique, mettant à de nombreuses reprises la défense nigériane sur le reculoir.
 Cette jeune femme de 24 ans peut ajouter dans son escarcelle de titres celui de meilleure joueuse de l’année du championnat de France 2009,  de triple championne de France et double vainqueur de la Coupe de France et un titre de Ligue des champions en 2011. Gaëtane Thiney, l’attaquante de Bleues, dit d’elle dans L’Equipe: «Le ballon, pour elle, ce n’est pas trop un problème. Eliminer trois joueuses dans 2m², elle sait faire, sans oublier ses passes, sa vision du jeu.» Talentueuse, donc, la demoiselle au maillot floqué du numéro dix l’est. De là à la cataloguer «Zidane au féminin», il n’y a qu’un pas, que les médias franchissent allégrement. D’autant que Louisa a les mêmes origines que Zizou.
 Comme lui, elle a ses racines en Algérie et a grandi dans les quartiers Nord de Marseille, où elle jouait avec les garçons au pied des immeubles. Elle ne sait pas alors que le foot féminin existe et s’inscrit en club à 14 ans. Comme lui, elle occupe le poste de meneur de jeu et se montre aussi à l’aise balle au pied que réservée en dehors du terrain. «On me comparait surtout à lui quand j’étais plus jeune, c’était une fierté parce que c’est mon idole. Mais Zizou n’a pas à être comparé», tempérait la joueuse de l'OL, dans les colonnes du Parisien, tout aussi gênée quand on la présente comme la star des Bleues. «Il y a 21 stars, chacune a un rôle important», précise pleine d’humilité celle qui, à 24 ans, compte déjà 58 sélections et deux participations à l’Euro (2005 et 2009).
Entre-temps, Louisa a fait ses classes. Mais la jeune prodige a eu une ascension particulièrement rapide. Quelques mois après avoir intégré son premier club à 14 ans et demi, l'US XIVème, elle est retenue au sein de la sélection régionale de la ligue de Méditerranée avec laquelle elle remporte son premier trophée. A Septème, elle brandit la Coupe nationale avec sa future partenaire sous le maillot bleu, Caroline Pizzala. Sa précocité n'échappe pas au conseiller technique régional, un certain… Bruno Bini qui vient régulièrement superviser la formation méditerranéenne. Passée par Clairefontaine, puis Montpellier, elle intègre il y a quatre ans l’Olympique lyonnais. Elle y apprend à être plus offensive. Son entraîneur, Patrice Lair explique: «Elle travaille beaucoup, elle est tout sauf nonchalante. Elle a appris à aller de l’avant, à marquer des buts, à s’exprimer dans le jeu. C’est une fille qui doit avoir plus confiance en elle, et elle sera une joueuse exceptionnelle. Pour le moment, c’est une bonne joueuse. Mais elle a été magnifique face au Nigeria et je l’ai appelée pour la féliciter. Elle peut être décisive lors de cette Coupe du monde.»
Bruno Bini, devenu sélectionneur de l’équipe de France féminine, ne l’a pas oubliée. Résolument fan de sa meneuse de jeu, l’entraîneur-poète ne tarit pas d’éloges à son sujet. «Louisa est une joueuse comme il y en a peu. Ce qu'elle fait, ce n'est pas dans les manuels, c'est une artiste. Il fait soleil quand elle touche le ballon. Elle irradie l'équipe et elle m'irradie moi aussi.» Car la miss est radieuse… et coquette. Sa coéquipière Elise Bussaglia confirme: «C’est une joueuse assez exceptionnelle. Elle réussit à être élégante sur le terrain, dans sa gestuelle et la maitrise du ballon. Elle est agréable à regarder pour le public. Et en dehors des terrains, elle adore le vernis!» Maquillée, fan de talons hauts, Louisa aime les bijoux et déplore le règlement qui interdit aux joueuses d’en porter sur le terrain. Quand aux garçons, La jeune femme y pense, mais pas plus. «Je ne suis pas obsédée par un fiancé. Mais d'ores et déjà, je sais qu'il devra être grand avec la peau mate, a-t-elle déclaré au Figaro. D'abord, il devra être franc et honnête. Avec un minimum de discussion car avec les footeux, la tête, ça ne suit pas trop.»
 Julie Lévy-Marchal

Les déesses du ballon rond





Le premier timbre-poste à l’effigie du football féminin français
Louisa Necib et son maillot marin










Louisa Necib entre mues et moues

A la une du quotidien L'Equipe le jour de la demi-finale de la Coupe du Monde 2011
Son sélectionneur, Bruno Bini, la dépeint comme «une artiste, qui a su enfiler le bleu de chauffe». Louisa Nécib, 25 ans, meneuse de jeu des Bleues, qui joue la médaille de bronze cet après-midi contre le Canada, cultive depuis toujours ce goût pour la mue et les paradoxes. A la fin des années 90, cette fille d’immigrés algériens partage son temps libre entre la gymnastique et le football, dans les quartiers nord de Marseille, où nombre de «minots» se souviennent avoir été victimes des petits ponts de la jeune Louisa, sous les rires moqueurs des copains. «On jouait sur des petits terrains ou dans la rue, pour le plaisir, se souvient-elle d’une voix fluette, mâtinée d’un accent méridional inaltéré. J'étais la seule fille du groupe. Si je n’avais pas su dribbler, les garçons ne m’auraient jamais accepté. J’ai beaucoup appris techniquement, mais je ne savais pas que le foot féminin existait.» Un club se monte alors dans le XIVe arrondissement. Première mutation, à 14 ans : «J’ai rangé mon justaucorps et ma tenue à paillettes pour enfiler un short et acheter mes premiers crampons… Un choc !»
Son ascension sera fulgurante : repérée en sélection Méditerranée par le directeur technique régional de l'époque, un certain Bruno Bini, elle rejoint le centre de préformation de Clairefontaine puis signe à Montpellier, où elle est appelée à 18 ans pour la première fois chez les Bleues. Depuis 2007, elle garnit copieusement son palmarès sous les couleurs de l’Olympique lyonnais, double champion d’Europe.
Lorsqu’il observa Louisa Nécib pour la première fois, c’est à Jean Tigana que Bruno Bini fera référence pour décrire le jeu de l’adolescente. Mais les médias lui trouveront aisément un autre modèle. Numéro 10 d’origine algérienne au caractère réservé, Louisa devient la «Ziza », une Zizou conjuguée au féminin. «C'était extrêmement flatteur, évacue-t-elle. Zidane, c’est lui qui m’a fait aimer le football, mais il est unique.»
«Il était compliqué de ne pas établir cette comparaison», jauge, pour sa part, Sonia Bompastor, sa capitaine à Lyon qui l’a également côtoyée à Montpellier et en sélection. Elle s’explique : «Louisa est la joueuse la plus technique avec qui j’ai évolué. Elle a une très grande facilité pour éliminer l’adversaire dans les tout petits périmètres » Sauf que la droitière, jugée un peu frêle au début de sa carrière, souffre encore lorsque l’intensité physique des rencontres s'élève. «C'était son point faible mais elle a su se faire violence », évalue son entraîneur à l’OL, Patrice Lair, qui rejoint la métaphore initiale de Bruno Bini.
Sa coéquipière bleue Sonia Bompastor, qui aime à baptiser Nécib«baguette», «pour ses jambes très fines», nuance : «Face aux équipes très athlétiques, qui ne laissent pas beaucoup d’espace, Louisa a encore un peu de mal à s’exprimer.» Verdict que la principale intéressée balaie : «Il y a des filles qui sont faites pour ça, d’autres moins.»Bompastor cible une dernière marge de progression chez sa coéquipière : «Elle doit parfois lâcher le ballon plus vite, être plus efficace. Mais on est quand même bien content, lorsqu’on est en difficulté, quand elle arrive à conserver la balle très haut sur le terrain.»
Ces imperfections peuvent néanmoins expliquer les prestations parfois irrégulières de Nécib lors de rencontres au sommet, comme aux Jeux. Intervient alors une nouvelle mue de la meneuse, capable de troquer le charme de ses yeux de biche en regard noir, très noir, lorsqu’elle est amenée à quitter la pelouse prématurément, sur choix de l’entraîneur. Presque aussi obscur, son lien avec les médias, où sa distance peut parfois interpeller. «On pourrait croire que c’est de l’arrogance, mais pas du tout, précise Bompastor. Elle met pas mal de temps à faire confiance ou à se livrer avec les personnes qu’elle ne connaît pas. Elle impose des barrières, mais ce n’est que de la timidité.» Dans le groupe, ses coéquipières confirment que l’artiste fuyante se transforme rapidement en coéquipière attachante. Patrice Lair pondère : «Louisa est encore très réservée. Elle doit réussir à se lâcher un peu plus.» Les retombées médiatiques d’une médaille de bronze pourraient l’y obliger.