vendredi 27 mai 2011

Les lyonnaises sur le toit de l'Europe


L'Olympique lyonnais a décroché jeudi soir la Ligue des champions féminine, en dominant les Allemandes de Potsdam (2-0), dans le stade londonien de Craven Cottage. Dans un remake de l'édition 2010, les Rhodaniennes de Patrice Lair ont glané le premier trophée européen de l'histoire de l'OL grâce à des réalisations de Renard (27e) et Dickenmann (85e).
Le football français tient sa troisième Coupe d'Europe! Après le sacre de l'Olympique de Marseille en Ligue des champions en 1993 et la victoire du PSG en Coupe des vainqueurs de Coupe trois ans plus tard, c'est au tour de l'Olympique lyonnais d'entrer dans l'histoire du ballon rond tricolore. Cet insigne honneur n'est pas revenu aux troupes de Claude Puel, mais aux filles entraînées par Patrice Lair, victorieuses jeudi soir de la 10e édition de la Ligue des champions féminine sur le terrain de Craven Cottage - antre habituel du club londonien de Fulham - aux dépens du FFC Turbine Potsdam (2-0).
Ce remake de l'édition 2010, remportée par la formation allemande à l'issue de la séance de tirs au but (0-0, 7 t.a.b. 6), aura cette fois souri aux Rhodaniennes. L'histoire n'aura donc pas bégayé, pour le plus grand bonheur de Jean-Michel Aulas. Le président lyonnais, grâce à Louisa Necib et ses coéquipières, obtient son premier trophée continental après 24 ans passés à la tête de l'OL. A défaut d'une "Coupe aux grandes oreilles" qui se refuse à Lisandro et ses partenaires, l'homme fort des Gones se contentera allégrement de son équivalent féminin.

Renard : "Sans Aulas, le foot féminin n'est rien"

L'influent homme d'affaires âgé de 62 ans pourra remercier Wendie Renard et Lara Dickenmann, les deux buteuses et héroïnes du jour en Angleterre. La première n'aura jamais aussi bien porté son nom en inscrivant un véritable but... de renard, après 27 minutes de jeu. Montée aux avant-postes, la latérale droite profite d'une frappe de Schelin repoussée pour se jeter et faire trembler les filets à bout portant (1-0). La seconde se charge de libérer l'OL, en tuant les espoirs allemands d'égalisation d'une frappe limpide du pied gauche à cinq minutes du terme (2-0, 85e).
La déception d'il y a un an laisse ainsi place à la joie et à l'allégresse, après que les Lyonnaises ont rendu une bonne copie, se montrant dominatrices dans le premier acte avant de bien contenir les Allemandes dans le second. "C'est quelque chose de vraiment extraordinaire, confiera Wendie Renard devant les caméras d'Eurosport après coup. L'année dernière, on a pleuré, c'était trop difficile. Cette année, on voulait vraiment conquérir cette Coupe et ce soir on l'a fait. Je tiens à remercier le président Aulas car je pense que sans lui, le foot féminin n'est rien." A l'équipe masculine, attendue dimanche à Monaco pour composter son billet pour la C1, de s'inspirer de son homologue féminine pour qu'un sourire continue d'éclairer le visage de JMA...

samedi 21 mai 2011

"Les femmes du président" le JDD


Louisa Nécib et ses coéquipières lyonnaises rêvent d’offrir à Jean-Michel Aulas sa première Ligue des champions, jeudi à Wembley.
À quelques jours de la finale de la Ligue des champions, jeudi à Wembley face aux Allemandes de Potsdam, Louisa Nécib prend la pose avec une certaine grâce dans le parc de Gerland, à deux pas du stade. Un jeune homme s’approche : "On dirait une popstar!" Comme il s’intéresse au foot, on lui demande s’il reconnaît la demoiselle devant l’objectif. Réponse négative.
Dans les rues de Lyon comme ailleurs, les rares personnes qui fixent le joli sourire de Louisa ne savent pas qu’elle est l’une des joueuses françaises les plus douées. Quadruple championne avec l’OL, 56 fois sélectionnée en équipe de France, avec laquelle elle jouera la Coupe du monde en juillet. "Ça me va bien. Je suis ravie de pouvoir faire mes courses en toute tranquillité", assure la jeune femme de 24 ans. Il y a deux ans, elle a refusé de poser dénudée pour promouvoir le football féminin, à l’inverse d’autres Bleues. "Je ne crois pas qu’il fallait en arriver là pour qu’on parle plus de nous, oppose-t-elle. Il faudrait surtout des présidents de club qui s’investissent autant que Jean-Michel Aulas!" JMA a les yeux de Chimène pour ses filles, qu’il accompagne partout en Europe. "Il assiste aux réunions d’avant-match, nous rend visite à l’hôtel, prend toujours un moment pour nous parler. Il nous connaît toutes. Je dirais même qu’il nous aime", s’enthousiasme Louisa, que le président de l’OL a personnellement souhaité recruter en 2007.

Études supérieures

À Tola-Vologe, le centre d’entraînement lyonnais, les filles sont choyées. "Je ne crois pas qu’une autre équipe en Europe se déplace en avion privé", relève la meneuse de jeu, qui a refusé une offre de la prestigieuse Ligue américaine. En France, les adversaires de Lyon sont abonnées aux longues heures en minibus. Un staff dédié de sept personnes épaule Patrice Lair, l’entraîneur, qui n’a rien à envier à celui de Claude Puel. Alors qu’à Paris, troisième du championnat, c’est le médecin du centre de formation qui est mis à la disposition des filles seulement deux soirs par semaine. Et le salaire moyen du vestiaire féminin de l’OL serait supérieur à 4.000 euros, deux fois plus qu’ailleurs en France.
Louisa Nécib est née à Marseille, d’origine algérienne et meneuse de jeu. La comparaison avec Zidane est tentante. Elle proteste : "Un simple raccourci". Qui ne suffit d’ailleurs pas à séduire les sponsors, hormis Adidas. Elle prêterait volontiers son image à une marque de mode mais aucune ne l’a jamais contactée. Alors, malgré un salaire confortable et une voiture prêtée par le club, elle poursuit des études supérieures : une licence éducation et motricité à l’université de Lyon. "Mais ça devient compliqué, dit-elle. Après l’entraînement du matin, j’ai plus envie de me reposer que d’aller en amphi. Je n’ai pas été assidue ce semestre. Plutôt que rendre des copies blanches aux examens, je mets donc mes études entre parenthèses pour profiter de la fin de saison avec Lyon et l’équipe de France. Je reprendrai en septembre". Sa première compétition internationale, l’Euro 2005, l’avait déjà contrainte à passer son bac en deuxième session.
Jusqu’à son départ de Lyon l’an dernier, Sidney Govou était un supporter attentif de l’équipe féminine. Mais dans l’ensemble, les joueurs se tiennent au courant d’assez loin. Louisa Nécib et ses partenaires les croisent "à la cantine et le midi et pour l’arbre de Noël". Pourtant, ce sont bien elles qui peuvent offrir une première Ligue des champions à Jean-Michel Aulas.