Louisa Nécib et ses coéquipières lyonnaises rêvent d’offrir à Jean-Michel Aulas sa première Ligue des champions, jeudi à Wembley.
À quelques jours de la finale de la Ligue des champions, jeudi à Wembley face aux Allemandes de Potsdam, Louisa Nécib prend la pose avec une certaine grâce dans le parc de Gerland, à deux pas du stade. Un jeune homme s’approche : "On dirait une popstar!" Comme il s’intéresse au foot, on lui demande s’il reconnaît la demoiselle devant l’objectif. Réponse négative.
Dans les rues de Lyon comme ailleurs, les rares personnes qui fixent le joli sourire de Louisa ne savent pas qu’elle est l’une des joueuses françaises les plus douées. Quadruple championne avec l’OL, 56 fois sélectionnée en équipe de France, avec laquelle elle jouera la Coupe du monde en juillet. "Ça me va bien. Je suis ravie de pouvoir faire mes courses en toute tranquillité", assure la jeune femme de 24 ans. Il y a deux ans, elle a refusé de poser dénudée pour promouvoir le football féminin, à l’inverse d’autres Bleues. "Je ne crois pas qu’il fallait en arriver là pour qu’on parle plus de nous, oppose-t-elle. Il faudrait surtout des présidents de club qui s’investissent autant que Jean-Michel Aulas!" JMA a les yeux de Chimène pour ses filles, qu’il accompagne partout en Europe. "Il assiste aux réunions d’avant-match, nous rend visite à l’hôtel, prend toujours un moment pour nous parler. Il nous connaît toutes. Je dirais même qu’il nous aime", s’enthousiasme Louisa, que le président de l’OL a personnellement souhaité recruter en 2007.
Études supérieures
À Tola-Vologe, le centre d’entraînement lyonnais, les filles sont choyées. "Je ne crois pas qu’une autre équipe en Europe se déplace en avion privé", relève la meneuse de jeu, qui a refusé une offre de la prestigieuse Ligue américaine. En France, les adversaires de Lyon sont abonnées aux longues heures en minibus. Un staff dédié de sept personnes épaule Patrice Lair, l’entraîneur, qui n’a rien à envier à celui de Claude Puel. Alors qu’à Paris, troisième du championnat, c’est le médecin du centre de formation qui est mis à la disposition des filles seulement deux soirs par semaine. Et le salaire moyen du vestiaire féminin de l’OL serait supérieur à 4.000 euros, deux fois plus qu’ailleurs en France.
Louisa Nécib est née à Marseille, d’origine algérienne et meneuse de jeu. La comparaison avec Zidane est tentante. Elle proteste : "Un simple raccourci". Qui ne suffit d’ailleurs pas à séduire les sponsors, hormis Adidas. Elle prêterait volontiers son image à une marque de mode mais aucune ne l’a jamais contactée. Alors, malgré un salaire confortable et une voiture prêtée par le club, elle poursuit des études supérieures : une licence éducation et motricité à l’université de Lyon. "Mais ça devient compliqué, dit-elle. Après l’entraînement du matin, j’ai plus envie de me reposer que d’aller en amphi. Je n’ai pas été assidue ce semestre. Plutôt que rendre des copies blanches aux examens, je mets donc mes études entre parenthèses pour profiter de la fin de saison avec Lyon et l’équipe de France. Je reprendrai en septembre". Sa première compétition internationale, l’Euro 2005, l’avait déjà contrainte à passer son bac en deuxième session.
Jusqu’à son départ de Lyon l’an dernier, Sidney Govou était un supporter attentif de l’équipe féminine. Mais dans l’ensemble, les joueurs se tiennent au courant d’assez loin. Louisa Nécib et ses partenaires les croisent "à la cantine et le midi et pour l’arbre de Noël". Pourtant, ce sont bien elles qui peuvent offrir une première Ligue des champions à Jean-Michel Aulas.
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