jeudi 14 février 2013

Ah bon, une fille ça joue au foot?


Comme on se retrouve. 3 mois après s’être quittées sur un match nul, la France et l’Allemagne se croisaient à Strasbourg pour en découdre une nouvelle fois. Avant de se confronter au Brésil, les Bleues ont assuré l’essentiel en tenant en échec la Mannschaft. Les filles de Bruno Bini ont su défendre intelligemment préférant laisser le jeu aux Allemandes. Au final, le milieu français inquiète, mais le talent individuel de Louisa Nécib fait la différence. Côté Allemand, les erreurs de la défense  mais surtout de la gardienne ont offert aux Françaises deux buts. Capable d’accélérer en attaque, la deuxième période fut un véritable combat entre les velléités d’outre-Rhin et le pressing français. Les Bleues restent invaincues. C’est le principal.
Les compositions :
•    France : Bouhaddi (26) – Franco (7), Georges (4), Renard (2), Boulleau (3) – Abily (10), Soubeyrand (6), Le Sommer (9), Necib (14), Thiney (17) – Delie (18)
•    Allemagne : Schult (21) – Peter (4), Bartusiak (25), Krahn (5), Schmidt (2) – Kulig (14), Kessler (23), Marozsan (10), Mittag (31), Faisst (15) – Okoyino Da Mbabi (13)

Une attaque allemande organisée

Avec la blessure d’Élise Bussaglia, le milieu de terrain français est le même depuis maintenant plusieurs rencontres. Sandrine Soubeyrand et Camille Abily forment la doublette française dans ce 4-2-3-1 (ou 4-2-1-2-1 par moment). Plus n°10 que n°6, la Lyonnaise reste très reculée en Équipe de France. Alors que depuis le début de saison, Louisa Nécib joue en milieu offensive reculée (une n°8 offensive), la « clutch » player occupe une place de n°10, une élection libre dont la mission est d’animer le jeu offensif des bleues
En début de match, le 4-2-3-1 se transforme en 4-5-1. Thiney et Le Sommer, ailières du jour, viennent prêter main forte aux latérales bloquant au maximum la vitesse et les montées des Allemandes. Louisa Nécib joue ainsi en 8, un poil plus haute que ses deux milieux défensives. Ce pressing en zone permet aux Allemandes de mettre en jeu leur place.
Les déplacements de Kulig
Les déplacements de Kulig
Kulig, très en vue en ce début de partie, joue l’intermédiaire entre la défense et l’attaque. Capable de défendre, mais aussi d’organiser le jeu, l’Allemande dézone afin d’écarter ou chercher Okoyino Da Mbabi. Elle joue le rôle d’essuie-glace se rapprochant d’une Louisa Nécib en beaucoup plus défensive, cherchant la simplicité et la meilleure passe. Or, l’attaquante puissante de la Mannschaft, MBabi, est aussi une clé du match. Durant tout le match, elle servira de pivot soit pour Kessler apportant le danger ou pour les ailières allemandes obliger de dézoner afin d’apporter de la vitesse au jeu.
Les déplacements de MBabi. La profondeur et la fonction de pivot
Les déplacements de MBabi. La profondeur et la fonction de pivot

Lescoéquipières de Bartusiak passent ainsi en 4-4-2 en phase offensive. Les joueuses d’outre-Rhin cherchent la profondeur et les diagonales. Avec Kulig et Kessler capables de faire l’essuie-glace pour les ailières, les allemandes à partir des 30m cherchent les petites combinaisons. Travailler à l’entraînement, les unes deux s’enchaînent pour permettre à Faisst ou Mittag de se démarquer. Lorsque la Mannschaft ne trouve pas de solutions, le milieu de terrain est sauté et la profondeur recherchée. Les Allemandes ont étalé au fur et à mesure leur capacité à analyser le système défensif de l’adversaire. Avec un marquage perfectible, elles useront de leur qualité technique pour jouer en un minimum de touches de balle et perforer la défense française. Cette liberté dans le marquage va permettre aux Allemandes d’ouvrir la marque. Comment ? Dans le dos de l’arrière-garde des Bleues. Comme prévu.
Kulig et Babi

Le pressing défensif français, l’une des clés de la rencontre

Pour répondre à l’ouverture du score, les Bleues ont changé leur plan. Outre Nécib prenant le jeu à son compte, Bini et les filles ont rapidement évalué la dangerosité du jeu allemand. Au bout d’une vingtaine de minutes, le match va basculer en faveur des Bleues. Pour quelle raison ? Le pressing.
D’abord reculée, Louisa Necib va monter d’un cran au niveau défensif. Pour bloquer un milieu allemand dont les lignes ne cessent de s’étirer, le 4-5-1 défensif va évoluer au fil du temps en 4-4-2. Avec cette nouvelle mise en place, l’Allemagne va perdre en intensité au milieu jusqu’à la mi-temps. L’arrière garde n’arrive plus à se dégager et Kulig ne peut plus décrocher afin d’organiser le jeu. L’Allemagne n’arrive pas à jongler entre le jeu offensif et défensif. En attaque, les joueuses de Neid sont souvent 4 dans le même périmètre afin de combiner offrant trop d’espaces dans leur dos. Les Bleues l’ont bien compris
Les allemandes sont regroupées en attaque laissant ainsi de l'espace dans leur dos
Les allemandes sont regroupées en attaque laissant ainsi de l’espace dans leur dos

Le 4-2-3-1 se transforme en 4-4-2
Le 4-2-3-1 se transforme en 4-4-2
Louisa Nécib va se montrer à son avantage. Sachant que Camille Abily et Sandrine Soubeyrand n’apportent pas offensivement durant le match, la Lyonnaise va presser puis décrocher afin d’organiser le jeu. Durant les 20 premières minutes, les Bleues ne vont pas trouver de solutions dans l’axe mais aussi sur les ailes. Le pressing allemand (toujours 2 ou 3 sur la porteuse de balle) oblige ainsi l’arrière garde et les milieux défensives d’allonger le jeu pour Marie-Laure Delie toujours très remuante aux avant-postes. Mais dès que Louisa va grimper d’un cran pour presser, les Bleues vont ainsi devenir les maitres du jeu. De plus, Soubeyrand ou Abily n’hésiteront pas à donner un coup de main.
Les 2ème et 3ème buts confirment la réflexion. Sur le deuxième but, l’erreur personnelle de la jeune gardienne rentre en compte. Or, le pressing des françaises est un modèle du genre. Les ailières bloquent très bien les latérales Allemandes. Delie et Nécib sont bien en place mettant la pression sur les deux défenseures centrales de la Mannschaft et Sandrine Soubeyrand suit à la trace Kulig, plaque tournante du jeu d’outre-Rhin. La gardienne n’a pas de solutions à part allonger le jeu. Chose qu’elle ne fait pas. Conséquence directe, but.
Pressing Français

Des buts certes mais un jeu offensif bien maigre

Les Françaises ont marqué 3 buts, mais les occasions n’ont pas été fleuves.  Lisant mes chroniques tactiques … ou plus simplement observant le jeu des Françaises, les Allemandes ont bien bloqué les Bleues. Comment ?
Le 4-2-3-1 se transforme en 4-5-1 avec les 3 milieux axiales
Le 4-2-3-1 se transforme en 4-5-1 avec les 3 milieux axiales
Le jeu français passe souvent dans l’axe. Avant de chercher les ailières ou les latérales, les ballons passent par Bussaglia (blessée ici) et Louisa Nécib. Or en 1ère mais surtout 2nd période, les Bleues n’ont pas pu mettre en place leur jeu offensif. Conscientes du danger, les Allemandes passaient d’un 4-4-2 à un 4-5-1 en phase défensive. Les ailières de la Mannschaft bloquent le jeu latéral des filles de Bruno Bini. Mais la différence se fait réellement au milieu de terrain. Les 3 (Kulig, Kessler, Marozsan) milieux axiales se déplacent en « groupe ». Marozsan joue le rôle d’essuie-glace et vient renforcer le pressing sur les ailes. Tout au long du match, les Bleues se feront manger par ce milieu solide et athlétique. La sortie de Kulig à la mi-temps ne changera pas la donne. Les Françaises devront trouver d’autres solutions pour l’Euro 2013.

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