jeudi 29 novembre 2012

"On doit être plus des tueuses devant le but"



Corine Franco a offert l'égalisation (photo dfb.de)
Corine Franco a offert l'égalisation (photo dfb.de)
Bruno Bini, sélectionneur de l'équipe de France 
"On n'a pas bien débuté, et quand on commence ça, ça peut vite devenir catastrophique. Le coup franc de Louisa Necib sur la barre transversale nous a fait du bien. On a quand même souvent maîtrisé le ballon, mais elles étaient toujours très dangereuses avec leurs contres rapides. On a souffert en seconde mi-temps, mais les filles ont donné leur maximum aujourd'hui. Le groupe vit bien ensemble, je les félicite toutes. Elles ont été à plus de 100% et fait preuve d'une grande solidarité, avec des choses très intéressantes dans le jeu. On constate quand même qu'on commence à faire partie du gratin. Il n'y a pas beaucoup d'équipes qui font match nul ici, c'est plus souvent des dérouillées. L'Euro est encore loin mais ça nous permet de voir comment évoluent les nouvelles joueuses." 

Laura Georges, défenseure de l'équipe de France : 
"On est contente pour le jeu que l'on a produit, après ça reste un match nul, pas une victoire. On était venu ici pour l'emporter. Le but après deux minutes de jeu nous a réveillé. On s'est mise à jouer, et je me suis dit à ce moment-là qu'on pouvait les prendre à revers simplement en posant notre jeu. Il y a avait des espaces entre les lignes. Mais on doit être encore plus concentrées et plus des tueuses devant le but. Bien sûr, ce match nous donne confiance pour l'Euro mais en même temps on ne va pas se contenter de ça. Disons que c'est un bon match de préparation, on doit l'utiliser pour continuer à faire progresser le groupe."

Bianca Schmidt aura été dangereuse à plusieurs reprises (photo dfb.de)
Bianca Schmidt aura été dangereuse à plusieurs reprises (photo dfb.de)
Wendie Renard, défenseure de l'équipe de France : 
"A la fin d'un match comme ça, on est plutôt fatigué. On a joué ce match dans des conditions difficiles. Pour dix d'entre nous (ndlr : les joueuses lyonnaises ont disputé la semaine dernière le championnat du monde des clubs au Japon), c'était dur dans les jambes, mais ce n'est pas une excuse. On a eu des occasions pour l'emporter ce soir, elles aussi. le match nul est mérité je pense. On a fait preuve de solidarité, de combattivité. Le vrai test, ce sera dans les grandes compétitions. On fait partie aujourd'hui des meilleurs équipes mais on a encore rien gagné. A nous de travailler pour pouvoir espérer quelque-chose à l'Euro." 

Silvia Neid, sélectionneuse de l'équipe féminine d'Allemagne :
 
"Nous avons très bien débuté la rencontre avec ce but, mais aussi en gagnant nos duels et en récupérant vite les ballons. Ça s'est gâté quand la France a commencer à jouer. C'est une équipe très technique qui réussit à mener des contres rapides. Les Françaises ont eu pas mal d'occasions, nous aussi mais nous avons manqué de précision. Je suis satisfaite, le match était d'un très bon niveau et confirme que la France fait partie des favoris pour l'Euro (ndlr : en juillet prochain en Suède). Pour nous, il clôt une année où nous n'avons pas perdu. C'est positif même si on doit s'améliorer dans certains secteurs du jeu, mais ce n'est pas ici que je dirais lesquels." 

Bianca Schmidt, défenseure de l'équipe d'Allemagne : 
"Ça a été un match compliqué mais ce n'est pas une surprise. On peut être contentes malgré tout, l'équipe de France est une grande équipe. Elles étaient aux Jeux Olympiques, nous pas ! C'est vrai je rate une grosse occasion. Ce n'était pas mon mauvais pied mais après un sprint de quatre cents mètres, il ne voulait plus (rires). Plus sérieusement, le coach va nous donner des "devoirs" pour cet hiver. Nous allons faire des tests de performance pour savoir sur quoi nous devons travailler, et arriver au maximum de nos moyens pour l'année prochaine et l'Euro."

 Louisa droit au but

Pour la première fois de son histoire, la France a obtenu un résultat positif face à l'Allemagne en Allemagne!



Sarah Bouhaddi, plus haut que Celia Okoyino Da Mbabi (photo dfb.de)
Sarah Bouhaddi, plus haut que Celia Okoyino Da Mbabi (photo dfb.de)
Malgré le froid du côté de Leipzig, et la neige fondue qui tombait du ciel sombre au dessus de l'Erdgas Sportpark, les Bleues ont su faire face à l'adversité pour accrocher la deuxième nation mondiale sur son sol. Une performance que les Bleues n'avaient jamais réussi dans leur histoire après six précédents. Pour ce match Bruno Bini devait faire face à un effectif réduit, les blessures s'étant multipliées dans une période où les joueuses sont très sollicitées. Après Ophélie Meilleroux, Elise Bussaglia, Gaëtane Thiney et Laure Boulleau n'étaient pas aptes pour ce rendez-vous, au contraire de la formation allemande de Silvia Neid (absences malgré tout de Kim Kulig et Fatmire Bajramaj). 

Jessica Houara fêtait ainsi sa troisième sélection, en tant que titulaire au poste de latérale gauche. La défense comptait par ailleurs un axe central Laura Georges - Wendie Renard qui aura de nouveau fait parler de lui en s'imposant à de multiples reprises face aux attaquantes allemandes, alors que Sarah Bouhaddi a réussi une prestation solide. Le milieu de terrain Soubeyrand - Abily a bien résisté alors que l'attaque française pas souvent à son évidence a su par contre se montrer dangereuse sur ses opportunités avec notamment trois barres transversales.

Deux entames de période difficiles

Verena Faisst buteuse d'entrée félicitée par ses partenaires
Verena Faisst buteuse d'entrée félicitée par ses partenaires
Acculées en défense, les Françaises ont raté leurs deux entames de périodes. Après quatre-vingt six secondes de jeu, les Bleues étaient menées au score. Celia Okoyino Da Mbabi sur la première action allemande se retrouvait couloir droit et centrait à ras de terre devant le but. La défense alignée était prise à revers et Verena Faisst reprenait au second poteau (1-0, 2'). Un scénario compliqué qui aurait pu se reconduire en seconde période car dès la 46e minute, Bianca Schmidt plaçait une frappe croisée qui frôlait le cadre. Le milieu français avait des difficultés à prendre le dessus, les Allemandes prenaient le dessus et sur un nouveau centre de Bianca Schmidt venu de la droite Simone Laudehr talonnait et donnait à Anja Mittag l'opportunité de venir au duel avec Sarah Bouhaddi qu'elle éliminait d'un dribble dans les six mètres mais ne pouvait pas redresser le ballon (16e). Laura Georges et Wendie Renard faisaient le travail nécessaire pour imposer leur gabarit dans les duels mais aussi en réussissant des tacles décisifs. 
Les Bleues allaient saisir leur chance et égaliser sur un corner obtenu après un bon mouvement français. Sur ce corner de Louisa Necib, toute la défense et la gardienne germanique passaient au travers, alors que les Françaises n'étaient pourtant pas au duel. Corine Franco surgissait au deuxième poteau et se jetait pour trouver le cadre (1-1, 24'). 

Trois transversales tricolores

Laura Georges s'est imposée face aux attaquantes allemandes
Laura Georges s'est imposée face aux attaquantes allemandes
Mais outre ce but, les occasions des Bleues allaient se reproduire. Avant même le but, elles obtenaient une énorme double occasion sur la même action. Le coup franc de 25 m frappé dans l'axe par Louisa Necib s'écrasait sur la barre, le ballon revenait sur la tête de Camille Abily et c'est encore la barre qui repoussait la tentative de la Lyonnaise (11e). En seconde période, Marie-Laure Delie saisissait sa chance et le ballon rebondissait sur le dessus (77e) ! En fin de match alors que les Allemandes baissaient de rythme, Marie-Laure Delie, encore obligeait Josephine Henning à un retour décisif (86e). 

L'Allemagne avait bien avant essayé de reprendre l'avantage notamment en début de seconde période après avoir effectué trois changements. La France faisait le dos rond devant Melanie Behringer ou encore Simone Laudehr puis Celia Okoyino Da Mbabi était rattrapée par Laura Georges (61e). Les Bleues tenaient finalement le résultat nul jusqu'au terme des quatre-vingt dix minutes. A sept mois et demi de l'Euro 2013, la préparation n'a pas encore réellement débuté mais les Bleues ont affiché du répondant contre l'un des favoris annoncés de la compétition. Le deuxième test est prévu en février prochain à Strasbourg contre cette même équipe.

Jeudi 29 novembre 2012 - 15h15
ALLEMAGNE - FRANCE : 1-1 (1-1)
Halle (Erdgas Sportpark)
Temps froid et pluvieux - Terrain humide
Spectateurs : 5 123
Arbitres : Kirsi Heikkinen (FIN) assistée de Inka Müller-Schmäh (ALL) et Katrin Rafalski (ALL). 4e arbitre : Martina Storch-Schäfer (ALL)
But pour l'Allemagne : Verena FAISST 2' 
But pour la France : Corine FRANCO 24'

Aucun avertissement

ALLEMAGNE : 1-Nadine ANGERER (cap.) ; 2-Bianca SCHMIDT, 5-Annike KRAHN, 3-Saskia BARTUSIAK (23-Josephine HENNING 46'), 4-Babett PETER ; 20-Lena GOESSLING (14-Nadine KESSLER 87'), 6-Simone LAUDEHR ; 10-Linda BRESONIK (17-Viola ODEBRECHT 46'), 11-Anja MITTAG (16-Martina MÜLLER 70'), 15-Verena FAISST (7-Melanie BEHRINGER 46') ; 13-Celia OKOYINO DA MBABI (24-Lena LOTZEN 64'). Entr.: Silvia NEID
Non utilisées : 12-Almuth SCHULT, 21-Laura BENKARTH, 8-Svenja HUTH, 9-Alexandra POPP, 22-Luisa WENSING, 25-Leonie MAIER
FRANCE : 16-Sarah BOUHADDI ; 7-Corine FRANCO (11-Julie SOYER 81'), 2-Wendie RENARD, 4-Laura GEORGES, 19-Jessica HOUARA ; 10-Camille ABILY, 6-Sandrine SOUBEYRAND (cap.) ; 12-Elodie THOMIS (8-Camille CATALA 74'), 14-Louisa NECIB, 9-Eugénie LE SOMMER ; 18-Marie-Laure DELIE. Entr.: Bruno BINI
Non utilisées : 1-Céline DEVILLE, 13-Sabrina DELANNOY, 20-Kheira HAMRAOUI

ALLEMAGNE 1 - 1 FRANCE

86e Course solitaire de Delie en duel avec Henning qui doit tacler pour éviter qu'elle ne se présente face à Angerer
85e l'Allemagne a baissé de rythme et la France reste en place.
83e Corner de Soubeyrand, Renard vient pour couper la trajectoire mais une Allemande le sort. L'arbitre n'a pas vu qu'il y avait de nouveau corner
81e Changement en défense avec la sortie de Franco, buteuse, et l'entrée de Soyer
77e Belle frappe de Delie qui vient rebondir sur le dessus de la barre
74e Premier changement tricolore, Camille Catala fait son apparition et Elodie Thomis sort.
71e la France n'a toujours pas fait de changements. Il est vrai que les forfaits de Meilleroux, Bussaglia, Thiney et Boulleau ont réduit les possibilités
70e Martina Müller fait son entrée pour sa dernière sélection, sa 101e. Elle remplace Anja Mittag
70e Bon mouvement français avec un centre de Thomis qui ne trouve pas preneur
64e Quatrième remplacement allemand avec Lena Lotzen qui remplace Celia Okoyino Da Mbabi
61e Nouvelle intervention décisive de Georges qui tacle le ballon dans la surface devant Okoyino Da Mbabi
60e La France est dominée mais sur un contre Thomis oblige trois Allemandes et la gardienne à intervenir
54e Frappe de Laudehr depuis le côté gauche de la défense française. Bouhaddi se détend et sort le ballon en corner
54e La défense est mise à mal mais Laura Georges arrive à écarter le danger en s'y reprenant à deux fois !
53e L'Allemagne pousse en ce début de seconde période et les joueuses entrées se font remarquer à l'image de Melanie Behringer
46e L'entame française a été de nouveau manquée et sur une frappe croisée, Schmidt a été tout près de battre Bouhaddi
46e Le troisième changement est l'entrée de Behringer à la place de la buteuse de Faisst
46e Autre changement avec l'entrée de Henning à la place de Bartusiak
46e C'est reparti avec l'engagement pour les Allemandes
46e Changement à la pause, avec la sortie de Linda Bresonik remplacée par Viola Odebrecht
45e C'est la pause sur ce score de 1-1
36e La France a réussi à se mettre au rythme soutenu des Allemandes, mais les Bleues vont devoir cravacher jusqu'au bout
26e Superbe intervention défensive de Georges devant Mittag dans un duel en un-contre-un dans la surface
24e BUT DE CORINE FRANCO. Sur un corner de Louisa Necib, toute la défense et la gardienne passent au travers, alors que les Françaises ne sont pas au duel. Corine Franco surgit au deuxième poteau et se jette pour trouver le cadre
23e Sur un bon mouvement français, les Bleues obtiennent un corner grâce à Le Sommer
19e Nouveau centre allemand de Schmidt venu de la droite, Laudehr talonne devant sa défenseure, Mittag récupère devant Bouhaddi mais est trop excentrée et ne parvient pas à redresser le ballon
16e Corner allemand cafouillé dans la défense, Okoyino Da Mbabi reprend mais le ballon passe juste à côét du cadre
11e Enorme double occasion des Bleues. Coup franc de 25 m dans l'axe de Necib qui s'écrase sur la barre, le ballon revient sur la tête d'Abily qui reprend et c'est encore la barre qui repousse. Quel manque de réussite !
7e Abily tente sa chance de 25 m mais pas de problème pour la capitaine allemande et gardienne Nadine Angerer
3e Frappe trop croisée de Necib de 20 m
2e BUT DE VERENA FAISST. Okoyino Da Mbabi sur la première action allemande centre à ras de terre devant le but, la défense alignée est prise à revers et Verena Faisst reprend au second poteau


Cérémonie championne du monde des clubs

La médaille du titre de championne

lundi 26 novembre 2012

Championnes du monde des clubs

Je suis fière d'être à Lyon et entourée de telles championnes ... Sarah a été une vraie géante! 

dimanche 25 novembre 2012

Joueuses au bord de la crise de nerfs

Favoritisme, pressions morales, vexations... Les méthodes du sélectionneur Bruno Bini divisent l’équipe de France féminine, au risque de remettre en cause sa progression des dernières années.
"Je me suis fait assassiner dans les médias et aucune d’entre vous ne m’a défendu." Septembre 2012 à Clairefontaine, premier rassemblement de l’équipe de France féminine après les JO de Londres achevés au pied du podium (4e), comme la Coupe du monde un an plus tôt. Le sélectionneur Bruno Bini prend la parole devant son groupe. Le débriefing sera court. Aucun retour technique, des reproches, et surtout un rappel de la prééminence de son fameux "projet de vie" : un patchwork où se mêlent aphorismes, citations, chansons et règles de cohabitation. Les joueuses comprennent que jusqu’à l’Euro suédois en juillet 2013, les mois seront difficiles à vivre.

"Le changement, ce n’est pas pour maintenant"

Le 20 août, Bruno Bini leur avait déjà fait passer une lettre par mail. "Si vous voulez continuer avec les Bleues, vous devrez impérativement (avec vos caractères propres qui sont, je sais, différents de l’une à l’autre) être en harmonie avec le Projet de Vie. […] Vous voyez, rien de bien nouveau… Le changement, sur ce dossier comme sur d’autres, ce n’est pas pour maintenant!!!" Un mail envoyé par Pierre Repellini, le responsable administratif des Bleues, curieusement siglé Unecatef et non FFF. Pas sûr que cette dernière aurait apprécié le ton employé. Ni que tous les entraîneurs affiliés au syndicat des entraîneurs (dont Repellini est vice-président délégué et Bini membre du comité directeur) le cautionnent, d’ailleurs. "Rien à dire sur le fond. Mais dans la forme, on sent une intention de pression morale, voire d’ultimatum", s’étonne François Peltier, spécialiste en management sportif, à qui nous avons fait lire cette lettre.
Le sélectionneur tentait de reprendre la main en resserrant sa poigne. Autant la demi-finale de Coupe du monde marquait un progrès, autant les JO s’apparentent à une stagnation. Il y avait moyen de faire mieux, estiment unanimement les joueuses. "C’est du gâchis", a résumé à chaud l’expérimentée Sonia Bompastor. Bini l’a pris pour lui. Il faut dire qu’il a l’habitude de réagir à la moindre sortie médiatique de ses joueuses par des SMS menaçants. "De toute façon, je ne dirai pas que c’est la faute de Sarah et d’Élise", glissait-il, juste après la défaite en demi-finale face au Japon, allusion à une faute de main de sa gardienne et à un penalty manqué de sa milieu de terrain.

"Les Copains d’abord"

Le 10 septembre, lors d’une réception organisée boulevard de Grenelle, Bruno Bini présente aux employés de la FFF un court film retraçant le parcours aux JO. Trois ralentis sur l’erreur de Sarah Bouhaddi, autant sur le penalty d’Élise Bussaglia. Les joueuses sont pétrifiées. Beaucoup se sentent trahies. Alors que le champagne est servi, le président Noël Le Graët les interroge sur leur désarroi. Et commence à comprendre que la réalité est bien loin du conte de fées que Bruno Bini chante aux amoureux du football féminin.
Le président de la FFF en a confirmation dès lors que le sélectionneur ne convoque plus Sonia Bompastor. Le tort de la joueuse aux 153 sélections? Dans une discussion avec Bini, avoir martelé ses ambitions et ouvert des pistes pour que l’équipe progresse. Le coach semblait opiner. Mais après cela, il ne la regardera plus. Ne lui parlera plus. Comme pour acter sa mise à l’écart, sa traditionnelle "chanson du coach" change au stage suivant. Fini La Ballade des gens heureux, Bruno Bini choisit Les Copains d’abord de Georges Brassens. C’est là que le bât blesse le plus douloureusement. Derrière le leitmotiv de Bruno Bini – "vous êtes à 100 % avec moi, ou vous êtes contre moi" –, flotte l’impression largement partagée que le copinage est indissociable du "projet de vie". Et qu’il est un frein durable au développement de l’équipe. "Certaines peuvent marcher à l’entraînement et être mauvaises en match, elles seront toujours titulaires", entend-on.

Le string qui fait grincer

Premières visées, les deux piliers du sélectionneur : Gaëtane Thiney, en deçà de son vrai niveau aux JO, et Sandrine Soubeyrand, un mythe de 39 ans en déclin. Au-delà, des choix de joueuses pour le moins étranges depuis plusieurs années. Pourquoi appeler la gardienne remplaçante du PSG et pas la titulaire, comme il l’avait déjà fait avec les Lyonnaises ? Pourquoi mettre sur le banc Camille Abily, une des 10 meilleures joueuses du monde en 2012? Comment continuer d’ignorer Amandine Henry, meilleure milieu française, pour une brouille avec une autre internationale… qui est son équipière à Lyon?
Face à ces préférences, les rancoeurs remontent. On rappelle ce jour où, peu après sa prise de fonction, Bruno Bini a offert un string à Gaëtane Thiney, pour son anniversaire. Avant de monter un diaporama où certaines filles, sur sa proposition, exhibaient leurs tatouages intimes ou leur poitrine seulement recouverte d’une chaussure. On s’étonne qu’il s’invite à manger chez Gaëtane Thiney, quand ce n’est pas chez ses parents. Qu’il cautionne les attaques de sa capitaine Soubeyrand contre ses partenaires lyonnaises. Qu’il invite ses joueuses à fumer en sa compagnie, comme il le faisait avec les moins de 19 ans. Qu’il sélectionne une Guingampaise pour un match à Guingamp, ville de Le Graët, pour ne jamais la rappeler. Le gouffre a dépassé l’opposition entre les restes du football amateur, symbolisé par les deux joueuses de Juvisy, et celles du professionnalisme montant qu’incarnent les Lyonnaises, doubles championnes d’Europe.
Depuis qu’il a écarté Bompastor, ceux qui le côtoient le décrivent comme un homme obnubilé par son image, qui passe des heures à épier ce qui le concerne sur les réseaux sociaux. Les dernières rencontres, des nuls arrachés à l’Angleterre et aux Pays-Bas ont affiché au grand jour le visage d’un groupe qui se délite. À l’extérieur, Bini joue les illusionnistes. À l’intérieur, ce sont ses adjoints, Philippe Joly et Corinne Diacre, qui prennent le jeu de l’équipe en main. Cette dernière, première femme à passer le diplôme d’entraîneur professionnel – que Bini ne possède pas – a annoncé son intention de lui succéder à terme. En attendant, elle se tait. Comme les adjoints de Domenech face à d’autres dérives, en d’autres temps.

Le coup d’État manqué

Mieux, depuis qu’il est placé sous la responsabilité directe du président de la FFF, celui qui se présente comme "le président de la République" de l'équipe ne parvient plus à freiner ses ambitions politiques. Avec la secrétaire générale de la FFF, Brigitte Henriques, alias "Féminator", auteur du plan de féminisation du football, il a tenté de pousser à une refonte des sélections de jeunes, consistant simplement à remplacer certains techniciens en place par des membres de leur réseau. Ou comment contrôler l’ensemble du foot féminin. Parmi leurs cibles, l’entraîneur Guy Ferrier, sélectionneur de l’équipe des moins de 17 ans. Appuyé par le responsable des sélections, Willy Sagnol, le DTN François Blaquart s’est opposé aux visées hégémoniques du duo. Avec ces jeunes filles, Guy Ferrier sera sacré champion du monde quelques mois plus tard, au grand dépit de Bruno Bini. Qui n’a plus beaucoup de soutiens à la DTN.

Des joueuses veulent voir Le Graët

L’équipe de France est réunie ce matin à Clairefontaine avant un match amical, jeudi, en Allemagne. Persuadée d’être menée droit dans le mur, une majorité de joueuses vient en traînant les pieds. Une poignée a désormais l’intention de porter l’affaire devant Noël Le Graët. Il leur a été conseillé d’attendre les élections, sa préoccupation majeure jusqu’au 15 décembre. Au-delà, malgré un entregent qui opère jusqu’à l’entourage même du président, le sélectionneur peut déjà plancher sur un projet de réconciliation.

L'OL Féminin remporte la coupe du monde des clubs


Les Lyonnaises se sont imposées face à l'INAC Kobe à Tokyo dans les prolongations. Les buts sont signés Corine Franco à la 79e minute et Sonia Bompastor sur pénalty à la 103e minute. Les filles de Patrice Lair ont donc réussi à s'imposer face aux championnes en titre du Japon. L'OL Féminin est donc le premier vainqueur de cette coupe du monde féminine des clubs dont le titre n'est pas encore reconnu par la FIFA.



Bini, l’ombre du gourou

Chansonnier, adepte de bons mots et auteur d’un "projet de vie", sorte de petit livre rouge de son équipe, l’atypique sélectionneur Bruno Bini, 57 ans, s’est taillé une jolie réputation pendant la Coupe du monde féminine, qui a vu les Bleues (4e) gagner un ticket pour les JO de Londres. Malgré les succès de son équipe, le personnage est loin de faire l’unanimité.

Tiens, revoilà Doly!

À quelques heures de disputer la troisième place de la Coupe du monde à Cologne (Allemagne), les joueuses de Bruno Bini se voient remettre un document: "Ce qu’il faut faire pour gagner la médaille de bronze." Il est siglé Doly&Partners. Jean-Pierre Doly est tout sauf un inconnu auprès des sélections. Proche de Domenech, il l’avait assisté dans la préparation à la Coupe du monde 2006. Déclaré persona non grata par la fédération (FFF) après l’Euro 2008, le conseiller de l’ombre avait continué à orchestrer la vie des Bleus jusqu’en Afrique du Sud, où il les suivait partout, l’accréditation d’un autre membre de la délégation autour du cou.
Les joueurs se souviennent encore de ses aphorismes indigents ou des fiches Wikipédia à potasser. Il était surtout l’inventeur du slogan "23 hommes en colère", visionnaire, juste avant les insultes de Nicolas Anelka à l’encontre de Domenech et la grève du bus à suivre. Un an plus tard, après que l’ancien président de la FFF, Fernand Duchaussoy, a refusé de le rencontrer comme il lui demandait, le revoici qui glisse un pied dans une équipe de France. Malgré ses conseils, les Bleues ont perdu le match qui leur aurait offert le podium.

L’ombre de Domenech

Bini aime faire appel à des regards extérieurs. Doly anime des réunions d’entraîneurs au chômage pour l’Unecatef, le syndicat des entraîneurs, dont Bini est le secrétaire général et Domenech le trésorier. Un vrai réseau. Le patron des Bleues vient d’intégrer à son staff quatre éléments, dont un manager, Pierre Repellini, vice-président de l’Unecatef et pilier du système Domenech, pour le moins opaque entre 2006 et 2010.
Bini est un admirateur de Domenech. "Il sait que je l’adore", avait-il glissé à ses ouailles un jour de rencontre entre les sélections masculine et féminine. Il se voit rebelle, original, créatif comme son ami. S’entoure des mêmes personnes. Avant la Coupe du monde, lors d’un stage à Calais, tout comme Domenech à Tignes un an plus tôt, il fait appel au conseiller en communication Jean- Louis Morin, pour une séance - gratuite - de média-training. Pas de trace de Doly non plus dans la comptabilité de la FFF en 2011. "Je suis très surpris d’apprendre qu’il ait pu se rapprocher des Féminines. Ça me paraît tellement énorme!", réagit le viceprésident, Bernard Desumer. C’était un service entre amis, selon Bini.

Un lutin très politique

De son mentor, le sélectionneur a hérité aussi du sens politique. Il a lié ses intérêts à la seule femme de la liste de Noël Le Graët aux élections pour la présidence de la FFF: l’ancienne internationale Brigitte Henriques, dite "Féminator" en raison de son engagement pour le football féminin. Son ascension au poste de secrétaire générale de la fédération, conjuguée à l’élan de sympathie né de la Coupe du monde, confèrent à Bini une nouvelle dimension politique. Lui qui a gravi un à un les échelons fédéraux y voit la validation de sa méthode.
Le 13 septembre, présentant son bilan de la Coupe du monde devant la DTN, il met en scène "Lutintamarre" et "Lutinspiré": le premier lui souffle à l’oreille les messages négatifs, l’autre les positifs. Il séduit une partie de l’assemblée. Pour d’autres, il renforce le sentiment de sa propre imposture. Il avait déjà utilisé le symbolisme avec les deux nains de Blanche-Neige, Grincheux et Joyeux. "Forcément, ça peut lasser", confie un entraîneur national, partagé. "Je lui ai répété : ne surjoue pas! On peut devenir la caricature de ce qu’on est", confirme le communicant Jean-Louis Morin. Peu importe à Noël Le Graët. Il a compris le bénéfice à tirer d’une sélection qui gagne et séduit. Le nouveau président de la FFF l’a placée sous son contrôle direct.

Pas une tête qui dépasse

Un journal livré aux joueuses chaque matin, la chanson du coach à entonner ensemble… Le projet de vie, concept pour le moins flou, est au centre du discours de Bini. Sur le jeu, rien. Il s’appuie aveuglément sur deux leaders, Gaëtane Thiney et Sandrine Soubeyrand, qui évoluent à Juvisy, vieux bastion du football féminin. Avec elles, il choisit de se priver de joueuses (Bouhaddi, Henry, Tonazzi) qui, pour les connaisseurs, donneraient une autre dimension à l’équipe de France. Notamment les deux premières, éléments clés de l’OL, champion d’Europe en titre, dont l’entraîneur Patrice Lair avait dénoncé vertement le travail de Bini. Lui-même est allergique au professionnalisme lyonnais. Il refuse de répondre aux exclues qui sollicitent une explication.
Il s’est aussi longtemps opposé à la diffusion d’un documentaire de Direct 8 sur son équipe (En Bleu comme eux): le temps de parole de Camille Abily, expatriée aux États-Unis, était trop important à ses yeux. Il supportait mal l’éloignement d’Abily et de Sonia Bompastor. Cela nuisait à son projet de vie. Avant une rencontre face à Israël, il y a trois semaines, une discussion houleuse l’a opposé à une poignée de joueuses, saturées de la vacuité de son discours. Elles sont rentrées dans le rang, par peur d’être ostracisées. «Ça commence à mal se passer », confirme une joueuse, qui ne veut pas être nommée.

"Une sorte de secte"

"La méthode de Bruno Bini, gros travailleur mais très autoritaire, fonctionne avec des joueuses soumises. Elle a pu être utile à court terme, mais est néfaste à long terme", décrypte Anne-Christel Fogliani, ex-présidente de la commission de féminisation à la FFF, spécialiste en préparation mentale, qui avait aidé Bini à présenter sa candidature au poste, en 2007. "On peut parler d’un gourou. Il a mis en place une sorte de secte, dont celles qui ont un esprit critique sont exclues, ou alors font semblant et deviennent les manipulatrices du manipulateur." Un silence. "À terme, il faut voir comment les joueuses

jeudi 22 novembre 2012

Rendez-vous pour une finale intercontinentale


Pour son entrée dans cette nouvelle compétition, les filles de Patrice Lair avaient un sérieux client en la personne de ce club qui a remporté la dernière Coupe du Japon (10 au total) et qui a aussi remporté 12 championnats. Connaissant la qualité du football féminin japonais, champion du monde en 2011 et vice-champion olympique à Londres. L’opposition promettait d’être intéressante. Patrice Lair avait choisi de faire tourner son effectif pour ce premier match en laissant au repos Schelin, Abily, Georges, Le Sommer… Presque pas le temps de se chauffer ! Un centre de Tonazzi (3ème) et un autre deThomis (5ème) pour des buts lyonnais ; un CSC sous la menace de Thomis et un but de la tête de Dickenmann… L’OL est déjà en finale. Les Lyonnaises maitrisent leur sujet avec notamment un physique supérieur. L’équipe japonaise montrant des qualités techniques et collectives indéniables.

Et de trois avec une frappe sous la barre de Necib (22ème) après un cafouillage résultant d’un débordement du dragster Thomis. Dans la foulée de ce but olympien, les deux premières frappes japonaises détournées par une impeccable Bouhaddi qui avait déjà eu l’occasion de se mettre en évidence sur une sortie tonique dans les pieds adverses. Ces Japonaises qui continuent de pratiquer un football très agréable à base de vivacité et de passes le plus souvent courtes avec des joueuses aux appuis parfois déroutants. Et une nouvelle parade à bout portant de Bouhaddi (40ème). La gardienne internationale est un superbe ange gardien dans cette première période. Réalistes, les Olympiennes mènent 3 à 0 à la pause (3 buts en 6 tentatives). 

La seconde période débute par un cafouillage dans la surface de réparation lyonnaise suivi par une occasion de but mal négociée par une attaquante locale. Ces Japonaises tiennent le ballon, virevoltent sans cesse. En vain au tableau d’affichage… jusqu’à ce but amplement mérité du poison Kyriou (54ème). Le doute dure 4 minutes. Un centre de Thomis offre le doublé à Dickenmann. Les Lyonnaises se sont réveillées. Schelin et Camily entrées en jeu jouent de concert pour le but de la Suédoise (60ème). La messe est dite… Les Lyonnaises ont eu l’art de remettre les choses en place au moment opportun.

Patrice Lair a effectué ses cinq changements avec notamment la présence d’Otaki salué par le public nippon. Les locales essaient encore en combinant souvent avec à-propos tout en manquant de réalisme dans la zone de vérité. Difficile dans ces conditions de bouger franchement le solide bloc du champion d’Europe. Pour la petite histoire, Nagasato inscrira quand même un but (87ème) après une erreur défensive des partenaires de Bompastor. Tout ne fut pas aisé pour obtenir cette qualification, mais saluons la performance olympienne qui a su reprendre l’ascendant dans cette rencontre après avoir donné du mou jusqu’au quatrième but. La marque des grandes à l’image de Sarah Bouhaddi décisive dans les instants de tangage ou de Thomis impliqué dans trois buts. Rendez-vous dimanche matin pour la finale et, on l’espère, un nouveau trophée…

Komaba Stadium, ½ finale, NTV Beleza 2 - OL 5 (mi-temps: NTV Beleza 0 OL 3)
OL : Bouhaddi – Franco, Agard, Renard (puis Georges 46ème), Bompastor (cap) – Henry (puis Otaki 61ème), Necib (puis Abily 46ème), Bussaglia – Thomis (puis Le Sommer 61ème), Tonazzi (puis Schelin 57ème), Dickenmann. Entr: Lair.
Buts: pour l’OL, CSC (3ème) ; Dickenmann (5ème et 58ème)ème), Necib (22ème), Schelin (60ème) ; pour NTV Beleza, Kyriou (54ème), Nagasato (87ème)

dimanche 18 novembre 2012

Mondial des clubs au Japon


Jeudi 22 novembre 2012 (Urawa komaba Stadium) 
Demi-finales :
Olympique Lyonnais - NTV Beleza : 16h30 locales (8h30 françaises) En direct sur Eurosport et OLTV.

Dimanche 25 novembre 2012 (NACK5 stade Omiya) 
Match pour la troisième place : 13h30 locales (5h30 françaises)
Finale : 17h20 locales (9h20 françaises) En direct sur Eurosport.