mercredi 7 novembre 2012

Ni buts ni soumises

À mi chemin des huitièmes de finale de la Ligue des Championnes, Lyon est qualifié, Torres, Wolfsburg et Rossiyanka sont bien partis, les autres confrontations sont indécises. La surprise est venue d’Arsenal qui a battu Potsdam. Toutefois, le but de Yuki Nagasato-Ogimi en fin de match permet aux Allemandes de rester favorites pour la qualification.
Depuis la mise en place de huitièmes de finale en 2009, ils servent d’écrémage pour ne laisser voir le printemps qu’aux habitués qui vont se disputer le titre. Ces habitués sont Allemands, Français, Suédois et Anglais qui occupent 19 places de quart de finalistes sur les 24 disponibles, Russie, Danemark, Italie et Norvège occupant les 5 restantes.
Avant le changement de formules, 17 pays avaient pris part aux quarts de finale, dont l’Azerbaidjan, la Biélorussie et la Finlande (HJK étant même finaliste de la première édition). Le resserrement à un plus petit nombre de pays s’explique sans doute (outre le fait qu’on compare la dispersion de 3 éditions à celle des 8 précédentes ce qui est méthodologiquement discutable) par la possibilité d’avoir plusieurs représentants par pays et par la présence de têtes de séries directement qualifiées pour les seizièmes de finale qui évite désormais la mésaventure juvisienne, éliminé dès le tour préliminaire au mois d’août pour une défaite contre l’Espanyol Barcelone.
Toutefois, l’étude des demi-finales montre aussi un resserrement, antérieur au changement de formule. Depuis la fameuse édition 2007 où les clubs allemands se firent éliminer dès les quarts de finales, on retrouve toujours le ou les représentants allemands (sauf le Bayern éliminé par Montpellier dès les huitièmes en 2009-2010, mais les deux autres représentants allemands étaient bien au rendez-vous des demi-finales) et Lyon, plus Umea (jusqu’à l’implosion provoquée par le départ de Marta) et Arsenal depuis. Seuls Bardolino et Zvezda avaient réussi à se glisser au début de la période, avant donc que l’Allemagne n’aligne systématiquement au moins deux équipes. De plus, durant cette période, chaque édition reconduit trois des demi-finalistes de l’édition précédente.
Cette saison n’est pas partie pour changer vraiment les choses avec seulement 10 nations représentées en huitièmes de finales et une présomption de qualification assez faibles pour les représentants roumains et tchèques qui apporteraient un peu de fantaisie au printemps.

Le champion d’Allemagne en difficulté

Le tirage au sort assure cependant qu’au moins l’un des demi-finalistes des deux dernières éditions ne sera pas au rendez-vous : le champion d’Angleterre Arsenal affronte Potsdam. En dehors de son titre face à Umea en 2007, l’équipe anglaise n’a jamais vraiment réussi contre les grosses cylindrées, systématiquement battues par Francfort et Lyon, mais aussi par Duisbourg et Umea lors de leur dernière confrontation. Autant dire que les pronostics n’étaient pas en sa faveur contre Potsdam, quadruple champion d’Allemagne en titre.
Pourtant, Arsenal a profité de l’arrêt du championnat américain pour rapatrier quelques joueuses (dont la mythique Kelly Smith) et de la mise en place de la ligue professionnelle anglaise pour se professionnaliser encore.
À l’inverse, Potsdam a été largement pillé à l’intersaison avec les départs de Babett Peter et Bianca Schmidt à Francfort et de Viola Odebrecht à Wolfsburg, après ceux la saison précédente de Josephine Henning pour Wolfsburg, de Fatmire Bajramaj pour Francfort et d’Anja Mittag à Malmö. Comme tous les ans, Bernd Schröder doit donc reconstruire une équipe en allant chercher maintenant des joueuses hors d’Allemagne comme l’Écossaise Lisa Evans ou la Belge Heleen Jaques, ou en promouvant des joueuses déjà présente comme la Macédonienne Nataša Andonova, recrutée l’hiver dernier (et dont le premier but européen avait été marqué sous les couleurs de Tikvešanka contre Montpellier).
En Bundesliga, le collectif de Potsdam semble toujours fonctionner puisque l’équipe est deuxième à un point de Francfort mais un match de plus à jouer, et ne compte qu’une défaite à l’issue d’un duel épique contre Francfort : menée par un but de Kerstin Garefrekes, les Brandebourgeoises étaient revenues à égalité grâce à un but de Yuki Nagasato-Ogimi avant d’être réduites à 9 suite à la blessure de Stefanie Mirlach et d’Alex Singer, les deux défenseuses s’étant violemment percutée sur un ballon aérien. Potsdam ayant déjà fait ses trois changements, se retrouvant en double infériorité numérique et finissait par encaisser un but marqué par Fatmire Bajramaj, elle-même sortant ensuite sur une blessure au genou qui pourrait lui coûter l’Euro.

Une réduction du score qui coûte cher

Après un début de match hésitant, Arsenal se rendait compte que Potsdam n’était pas imbattable. Il faut dire que dès la 10e minute, Nataša Andonova sortait blessée (on parle d’une fracture de la cheville), remplacée par Wibke Meister, qui ne restait elle-même qu’un quart d’heure sur la pelouse, sortie semble-t-il pour raison tactique.
Gemma Davison en mode Élodie Thomis mettait au supplice la défense allemande par ses accélérations mais manquait de justesse dans ses centres et ses choix de jeu. La mi-temps était atteinte sur le score de 0-0 et on se disait que les Anglaises avaient peut-être laissé passer leur chance.
Mais la seconde période ressemblait à la première et c’est fort logiquement que Katie Chapman marquait du genou sur corner à la 70e minute, puis qu’Ellen White à peine entrée en jeu marquait à la 84e grâce à une passe lumineuse de Kim Little. Il restait cinq minutes à jouer et on commençait à entrevoir la possibilité d’un exploit pour Arsenal.
Mais Potsdam reste fidèle aux idées reçues sur les équipes allemandes. Heleen Jaques lançait un grand ballon pour Yuki Nagasato-Ogimi à l’entrée de la surface qui enchaînait contrôle de la poitrine dos au but et frappe sous la barre d’Emma Byrne.
Arsenal n’a plus qu’un but d’avance et Potsdam a clairement repris le rôle de favori. Mais l’équipe allemande semble nettement moins armée que les saisons précédentes.

Wolfsburg griffe Røa

L’autre équipe allemande engagée a eu moins de difficulté et semble bien engagé pour rejoindre les quarts de finales dès sa première participation. La cinquième équipe à représenter l’Allemagne en Coupe d’Europe compte bien faire comme les trois premières qui ont toutes remporté au moins une fois l’épreuve (seul le Bayern est resté sur un échec lors de son unique participation, battu on l’a dit par Montpellier).
Il ne faut pas se fier aux apparences. L’équipe sponsorisée par Volkswagen est actuellement classée à trois points de Francort en Bundesliga mais compte deux matchs en retard. De même, cette équipe est loin d’être novice en Coupe d’Europe puisque dans l’équipe qui a joué contre Røa, cinq joueuses l’ont déjà remportée : Josephine Henning, Viola Odebrecht et Nadine Kessler avec Potsdam en 2010, Alexandra Popp en 2009 avec Duisbourg et Conny Pohlers en 2005 et 2008 avec Potsdam et Francfort.
Cette dernière est sans doute la joueuse la plus sous-cotée d’Allemagne et on se demande bien ce qui a pu passer par la tête des dirigeants de Francfort pour la laisser partir en 2011 au moment même où Birgit Prinz mettait fin à sa carrière. Trois fois meilleures buteuse de Bundesliga, elle n’a jamais été un premier choix en équipe nationale, barrée par le mythe Birgit Prinz et en concurrence avec des joueuses comme Inka Grings et Anja Mittag. Peut-être que si elle n’avait pas été écartée de la Coupe du monde 2011, l’histoire aurait pris une autre tournure.
Ironie du sort, elle est accompagnée en attaque par Alexandra Popp qui est peut-être la joueuse la plus sur-cotée d’Allemagne, ou au moins qui ne confirme pas tout à fait tous les éloges qu’on faisait d’elle à ses débuts à Duisbourg. Elle n’en forme pas moins avec Conny Pohlers l’un des meilleurs duos d’attaque d’Europe.

Wolfsburg à l’usure

L’équipe norvégienne de ne semblait pas sur le papier de taille à retarder Wolfsburg dans sa route vers les quarts de finale. Les Allemandes s’installaient tranquillement dans le match et l’équipe ronronnait doucement quand Emilie Haavi récupéra un ballon anodin à 40m dos au but. Après un duel à l’épaule remporté contre Viola Odebrecht et un dribble sur Luisa Wensing, elle se retrouvait dans le sens du jeu quoi qu’encore à 30m. Ce qui ne l’empêchait pas de frapper et de lober Alisa Vetterlein d’un missile parfaitement ajusté.
Juste après la défaite de Potsdam, on pouvait se demander si c’était le jour des clubs allemands mais cette impression ne durait pas. Wolfsburg se mettait franchement en marche et huit minutes plus tard, la pression de Conny Pohlers forçait Gunhild Herregården à pousser dans son propre but un centre de la Hongroise Zsanett Jakabfi. Qui donnait ensuite elle-même l’avantage à son équipe d’une frappe puissante sous la barre sur un centre d’Alexandra Popp.
En deuxième mi-temps, Wolfsburg avait des airs de rouleau compresseur qui finira tôt ou tard par tout écraser, ce qui fut fait dans le dernier quart d’heure avec deux buts supplémentaires marqués par Alexandra Popp et Conny Pohlers.
Tout n’est pas encore joué mais on voit mal comment Røa pourrait remonter trois buts à cette équipe de Wolfsburg.

Lyon brave les éléments

Une idée reçue veut que de mauvaises conditions de jeu désavantagent la meilleure équipe, on dit en général que cela « nivelle les valeurs ». On en vient à s’inquiéter pour les joueuses de l’OL au moment de jouer sur des terrains boueux ou gorgés d’eau. Pourtant quelques unes des prestations les plus impressionnantes des joueuses lyonnaises ont été réalisées dans ces conditions, comme la victoire contre Potsdam 5-1 ou celle contre Juvisy 4-0.
Peut-être que sur un terrain difficile, il est encore plus important d’avoir une bonne technique d’être bien préparé physiquement. Le match joué à Moscou en est une autre illustration. Pourtant tout avait commencé difficilement avec un match retardé d’une quarantaine de minutes pour permettre de tracer les lignes.
De la même manière que Wolfsburg, l’équipe de Zorkiy n’était pas une vraie équipe de novice à ce niveau puisque composée de joueuses ayant déjà participé avec Rossiyanka et Zvezda, comme la Mexicaine Fatima Leyva, l’Espagnole Maria Ruiz « Mery » ou l’Ukrainienne Vira Dyatel. Certaines étaient même du quart de finale disputé en 2003 par le Gömrükçü Bakou.
Dauphine de Rossiyanka la saison dernière, l’équipe de Krasnogorsk l’est également cette année après être revenue à un point grâce à sa victoire 1-0 dans le match qui opposait les deux équipes.
Il ne s’agit donc pas d’une équipe d’une sous division européenne mais d’une équipe majeure de la troisième nation au classement UEFA (derrière l’Allemagne et la France). Ce qui rend la performance lyonnaise d’autant plus impressionnante.
D’entrée le milieu de terrain lyonnais a étouffé son homologue russe, et Amandine Henry que l’odeur de la Ligue des Championnes semble inspirer a propulsé son équipe vers l’avant et quelques frappes en direction des buts, pour une barre transversale qui donnera l’ouverture du score par Camille Abily et un but. Louisa Necib a montré qu’elle n’était pas si mal à l’aise sur les terrains difficiles et les deux trios d’attaque qui se sont succédés (avec Lotta Schelin, Eugénie Le Sommer et Élodie Thomis au début et Laetita Tonazzi, Lara Dickenmann et Ami Otaki à la fin) ont mis au supplice l’arrière garde de Zorkiy.
Bien entendu l’OL est qualifié sauf cataclysme et Patrice Lair pourra faire tourner son effectif au match retour, ce qui ne sera pas du luxe avant les matchs contre Montpellier et le PSG et un voyage au Japon pour une Coupe du monde des clubs pas tout à fait officielle mais organisée par la fédération japonaise et où Lyon sera présent en tant que vainqueur de la Ligue des Championnes face aux Australiennes de Canberra United et aux Japonaises du NTV Beleza et de l’INAC Kobe Leonessa.

Stabæk, un habile mélange

Juvisy avait également affaire à une équipe de haut niveau contre les Norvégiennes de Stabæk actuellement deuxième de Toppserien à deux journées de la fin, six points derrière le LSK de Cecilie Pedersen et d’une Isabelle Herlovsen ressuscitée après son passage à Lyon, et trois points devant Røa (pénalisé de deux points par la DNCG locale).
Stabæk est un habile mélange entre des anciennes très expérimentées et des jeunes très talentueuses. Dans la première catégorie, le duo formé par la capitaine Katrine Søndergaard Pedersen et Ingvild Stensland fait la loi au milieu de terrain. La première détient le record de sélections de l’équipe nationale danoise dont elle est un pilieur depuis près de vingt ans. La seconde est connue en France depuis ses deux saison passées à Lyon et est capitaine de la sélection norvégienne. Derrière elles on trouve Trine Rønning, autre figure emblématique de l’équipe de Norvège et la gardienne Ingrid Hjelmseth, particulièrement remarquée lors du bon parcours norvégien de l’Euro 2009. Enfin devant, on trouve Leni Larsen Kaurin revenue en Norvège après un tour d’Allemagne des grands clubs (Potsdam, Francfort, Wolfsburg).
Cette épine dorsale permet l’éclosion de jeunes joueuses au premier rang desquelles Ada Hegerberg, meilleure buteuse du championnat et absente contre Juvisy, sa sœur Andrine, l’arrière droite Ingrid Bakke, Caroline Hansen qui a tenu la pointe de l’attaque et Ida Enget qui s’est procuré les meilleures occasions mais qui a manqué d’à-propos au moment de conclure.

Juvisy tient le choc

Face à cette opposition relevée, Juvisy se présentait dans une composition classique (et dans un maillot abject qui montre que l’opposition entre professionnels et amateurs s’efface devant la toute puissance du marketing et de ses hérésies chromatiques faisant jouer Lyon en noir et Juvisy en bleu ou en rose). En l’absence de Sandrine Dusang, toujours blessée, Anaig Butel était associée à Nelly Guilbert dans l’axe de la défense. Dans la recherche de la remplaçante de Laetitia Tonazzi en pointe, c’était cette fois ci la Belge Janice Cayman qui était de corvée. Mais la vrai surprise était à l’autre bout du terrain où Tanya De Souza était préférée à Marion Mancion dans les buts.
Au bout d’un match solide, les Essonniennes reviennent avec ce qu’elles étaient venues chercher, un match nul qui préserve leurs chances pour le match retour. Elles auraient même pu obtenir mieux après l’entrée de la championne du monde M17 Kadidiatou Diani à la place d’une Janice Cayman qui ne fera sans doute pas carrière en pointe.
Attention cependant au fait que le résultat de 0-0 est un peu un piège pour l’équipe qui reçoit au retour, mais Juvisy partira légèrement favori pour la qualification.

Torres et Rossiyanka prennent une option

Dans les autres matchs, l’équipe sarde de Torres a pris un net avantage sur les Roumaines de Cluj grâce à un triplé de l’éternelle Patrizia Panico. Rossiyanka est allé s’imposer sur la pelouse du Bohemians Prague face au Sparta grâce à la jeune nigériane Desire Oparanozie, la joueuse phare de la relève des Super Falcons.
Les deux équipes Suédoises enfin se sont mises en position favorable pour le retour mais sans avoir vraiment fait la différence. Malmö l’a emporté sur Bardolino grâce à un but d’entrée d’Anja Mittag, son 39e dans la compétition, mais devra se méfier : au tour précédent, l’équipe de Vérone avait été battue 2-0 par Birmingham à l’aller mais avait renversé le résultat en gagnant 3-0 au retour.
De son côté, Göteborg est allé chercher le nul au Danemark face au Fortuna Hjørring, l’Américaine Yael Averbuch ayant répliqué à Nadia Nadim. Sa situation est assez similaire à celle de Juvisy.
Les matchs retours auront lieu les 7 et 8 novembre et les quarts de finale en mars.

8e de finale aller de la Ligue des Championnes de l’UEFA

  • Zorkiy-Lyon 0-9 : Abily 14′, Necib 20′, 26′, 62′, Henry 54′, 84′ pen., Tonazzi 69′, Kostyukova 78′ csc, Otaki 81′
  • Stabæk-Juvisy 0-0
  • Fortuna-Göteborg 1-1 : Nadim 65′ ; Averbuch 72′
  • Malmö-Bardolino 1-0 : Mittag 2′
  • Torres-Cluj 4-1 : Dominichetti 10′, Panico 24′, 73′, 58′ ; Vătafu 51′
  • Sparta Prague-Rossiyanka 0-1 : Oparanozie 12′
  • Arsenal-Potsdam 2-1 : Chapman 70′, White 82′ ; Nagasato-Ogimi 89′
  • Wolfsburg-Røa 4-1 : Herregården 30′ csc, Jakabfi 40′, Popp 75, Pohlers 81 ; Haavi 22′

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