À mi chemin des huitièmes de finale de la Ligue des Championnes,
Lyon est qualifié, Torres, Wolfsburg et Rossiyanka sont bien partis,
les autres confrontations sont indécises. La surprise est venue
d’Arsenal qui a battu Potsdam. Toutefois, le but de Yuki Nagasato-Ogimi
en fin de match permet aux Allemandes de rester favorites pour la
qualification.
Depuis la mise en place de huitièmes de finale en 2009, ils servent
d’écrémage pour ne laisser voir le printemps qu’aux habitués qui vont
se disputer le titre. Ces habitués sont Allemands, Français, Suédois et
Anglais qui occupent 19 places de quart de finalistes sur les 24
disponibles, Russie, Danemark, Italie et Norvège occupant les 5
restantes.
Avant le changement de formules, 17 pays avaient pris part aux
quarts de finale, dont l’Azerbaidjan, la Biélorussie et la Finlande
(HJK étant même finaliste de la première édition). Le resserrement à un
plus petit nombre de pays s’explique sans doute (outre le fait qu’on
compare la dispersion de 3 éditions à celle des 8 précédentes ce qui
est méthodologiquement discutable) par la possibilité d’avoir plusieurs
représentants par pays et par la présence de têtes de séries
directement qualifiées pour les seizièmes de finale qui évite désormais
la mésaventure juvisienne, éliminé dès le tour préliminaire au mois
d’août pour une défaite contre l’Espanyol Barcelone.
Toutefois, l’étude des demi-finales montre aussi un resserrement,
antérieur au changement de formule. Depuis la fameuse édition 2007 où
les clubs allemands se firent éliminer dès les quarts de finales, on
retrouve toujours le ou les représentants allemands (sauf le Bayern
éliminé par Montpellier dès les huitièmes en 2009-2010, mais les deux
autres représentants allemands étaient bien au rendez-vous des
demi-finales) et Lyon, plus Umea (jusqu’à l’implosion provoquée par le
départ de Marta) et Arsenal depuis. Seuls Bardolino et Zvezda avaient
réussi à se glisser au début de la période, avant donc que l’Allemagne
n’aligne systématiquement au moins deux équipes. De plus, durant cette
période, chaque édition reconduit trois des demi-finalistes de
l’édition précédente.
Cette saison n’est pas partie pour changer vraiment les choses avec
seulement 10 nations représentées en huitièmes de finales et une
présomption de qualification assez faibles pour les représentants
roumains et tchèques qui apporteraient un peu de fantaisie au
printemps.
Le champion d’Allemagne en difficulté
Le tirage au sort assure cependant qu’au moins l’un des
demi-finalistes des deux dernières éditions ne sera pas au rendez-vous
: le champion d’Angleterre Arsenal affronte Potsdam. En dehors de son
titre face à Umea en 2007, l’équipe anglaise n’a jamais vraiment réussi
contre les grosses cylindrées, systématiquement battues par Francfort
et Lyon, mais aussi par Duisbourg et Umea lors de leur dernière
confrontation. Autant dire que les pronostics n’étaient pas en sa
faveur contre Potsdam, quadruple champion d’Allemagne en titre.
Pourtant, Arsenal a profité de l’arrêt du championnat américain pour
rapatrier quelques joueuses (dont la mythique Kelly Smith) et de la
mise en place de la ligue professionnelle anglaise pour se
professionnaliser encore.
À l’inverse, Potsdam a été largement pillé à l’intersaison avec les
départs de Babett Peter et Bianca Schmidt à Francfort et de Viola
Odebrecht à Wolfsburg, après ceux la saison précédente de Josephine
Henning pour Wolfsburg, de Fatmire Bajramaj pour Francfort et d’Anja
Mittag à Malmö. Comme tous les ans, Bernd Schröder doit donc
reconstruire une équipe en allant chercher maintenant des joueuses hors
d’Allemagne comme l’Écossaise Lisa Evans ou la Belge Heleen Jaques, ou
en promouvant des joueuses déjà présente comme la Macédonienne Nataša
Andonova, recrutée l’hiver dernier (et dont le premier but européen
avait été marqué sous les couleurs de Tikvešanka contre Montpellier).
En Bundesliga, le collectif de Potsdam semble toujours fonctionner
puisque l’équipe est deuxième à un point de Francfort mais un match de
plus à jouer, et ne compte qu’une défaite à l’issue d’un duel épique
contre Francfort : menée par un but de Kerstin Garefrekes, les
Brandebourgeoises étaient revenues à égalité grâce à un but de Yuki
Nagasato-Ogimi avant d’être réduites à 9 suite à la blessure de
Stefanie Mirlach et d’Alex Singer, les deux défenseuses s’étant
violemment percutée sur un ballon aérien. Potsdam ayant déjà fait ses
trois changements, se retrouvant en double infériorité numérique et
finissait par encaisser un but marqué par Fatmire Bajramaj, elle-même
sortant ensuite sur une blessure au genou qui pourrait lui coûter
l’Euro.
Une réduction du score qui coûte cher
Après un début de match hésitant, Arsenal se rendait compte que Potsdam n’était pas imbattable. Il faut dire que dès la 10e
minute, Nataša Andonova sortait blessée (on parle d’une fracture de la
cheville), remplacée par Wibke Meister, qui ne restait elle-même qu’un
quart d’heure sur la pelouse, sortie semble-t-il pour raison tactique.
Gemma Davison en mode Élodie Thomis mettait au supplice la défense
allemande par ses accélérations mais manquait de justesse dans ses
centres et ses choix de jeu. La mi-temps était atteinte sur le score de
0-0 et on se disait que les Anglaises avaient peut-être laissé passer
leur chance.
Mais la seconde période ressemblait à la première et c’est fort
logiquement que Katie Chapman marquait du genou sur corner à la 70e minute, puis qu’Ellen White à peine entrée en jeu marquait à la 84e
grâce à une passe lumineuse de Kim Little. Il restait cinq minutes à
jouer et on commençait à entrevoir la possibilité d’un exploit pour
Arsenal.
Mais Potsdam reste fidèle aux idées reçues sur les équipes
allemandes. Heleen Jaques lançait un grand ballon pour Yuki
Nagasato-Ogimi à l’entrée de la surface qui enchaînait contrôle de la
poitrine dos au but et frappe sous la barre d’Emma Byrne.
Arsenal n’a plus qu’un but d’avance et Potsdam a clairement repris
le rôle de favori. Mais l’équipe allemande semble nettement moins armée
que les saisons précédentes.
Wolfsburg griffe Røa
L’autre équipe allemande engagée a eu moins de difficulté et semble
bien engagé pour rejoindre les quarts de finales dès sa première
participation. La cinquième équipe à représenter l’Allemagne en Coupe
d’Europe compte bien faire comme les trois premières qui ont toutes
remporté au moins une fois l’épreuve (seul le Bayern est resté sur un
échec lors de son unique participation, battu on l’a dit par
Montpellier).
Il ne faut pas se fier aux apparences. L’équipe sponsorisée par
Volkswagen est actuellement classée à trois points de Francort en
Bundesliga mais compte deux matchs en retard. De même, cette équipe est
loin d’être novice en Coupe d’Europe puisque dans l’équipe qui a joué
contre Røa, cinq joueuses l’ont déjà remportée : Josephine Henning,
Viola Odebrecht et Nadine Kessler avec Potsdam en 2010, Alexandra Popp
en 2009 avec Duisbourg et Conny Pohlers en 2005 et 2008 avec Potsdam et
Francfort.
Cette dernière est sans doute la joueuse la plus sous-cotée
d’Allemagne et on se demande bien ce qui a pu passer par la tête des
dirigeants de Francfort pour la laisser partir en 2011 au moment même
où Birgit Prinz mettait fin à sa carrière. Trois fois meilleures
buteuse de Bundesliga, elle n’a jamais été un premier choix en équipe
nationale, barrée par le mythe Birgit Prinz et en concurrence avec des
joueuses comme Inka Grings et Anja Mittag. Peut-être que si elle
n’avait pas été écartée de la Coupe du monde 2011, l’histoire aurait
pris une autre tournure.
Ironie du sort, elle est accompagnée en attaque par Alexandra Popp
qui est peut-être la joueuse la plus sur-cotée d’Allemagne, ou au moins
qui ne confirme pas tout à fait tous les éloges qu’on faisait d’elle à
ses débuts à Duisbourg. Elle n’en forme pas moins avec Conny Pohlers
l’un des meilleurs duos d’attaque d’Europe.
Wolfsburg à l’usure
L’équipe norvégienne de ne semblait pas sur le papier de taille à
retarder Wolfsburg dans sa route vers les quarts de finale. Les
Allemandes s’installaient tranquillement dans le match et l’équipe
ronronnait doucement quand Emilie Haavi récupéra un ballon anodin à 40m
dos au but. Après un duel à l’épaule remporté contre Viola Odebrecht et
un dribble sur Luisa Wensing, elle se retrouvait dans le sens du jeu
quoi qu’encore à 30m. Ce qui ne l’empêchait pas de frapper et de lober
Alisa Vetterlein d’un missile parfaitement ajusté.
Juste après la défaite de Potsdam, on pouvait se demander si c’était
le jour des clubs allemands mais cette impression ne durait pas.
Wolfsburg se mettait franchement en marche et huit minutes plus tard,
la pression de Conny Pohlers forçait Gunhild Herregården à pousser dans
son propre but un centre de la Hongroise Zsanett Jakabfi. Qui donnait
ensuite elle-même l’avantage à son équipe d’une frappe puissante sous
la barre sur un centre d’Alexandra Popp.
En deuxième mi-temps, Wolfsburg avait des airs de rouleau
compresseur qui finira tôt ou tard par tout écraser, ce qui fut fait
dans le dernier quart d’heure avec deux buts supplémentaires marqués
par Alexandra Popp et Conny Pohlers.
Tout n’est pas encore joué mais on voit mal comment Røa pourrait remonter trois buts à cette équipe de Wolfsburg.
Lyon brave les éléments
Une idée reçue veut que de mauvaises conditions de jeu désavantagent
la meilleure équipe, on dit en général que cela « nivelle les valeurs
». On en vient à s’inquiéter pour les joueuses de l’OL au moment de
jouer sur des terrains boueux ou gorgés d’eau. Pourtant quelques unes
des prestations les plus impressionnantes des joueuses lyonnaises ont
été réalisées dans ces conditions, comme la victoire contre Potsdam 5-1
ou celle contre Juvisy 4-0.
Peut-être que sur un terrain difficile, il est encore plus important
d’avoir une bonne technique d’être bien préparé physiquement. Le match
joué à Moscou en est une autre illustration. Pourtant tout avait
commencé difficilement avec un match retardé d’une quarantaine de
minutes pour permettre de tracer les lignes.
De la même manière que Wolfsburg, l’équipe de Zorkiy n’était pas une
vraie équipe de novice à ce niveau puisque composée de joueuses ayant
déjà participé avec Rossiyanka et Zvezda, comme la Mexicaine Fatima
Leyva, l’Espagnole Maria Ruiz « Mery » ou l’Ukrainienne Vira Dyatel.
Certaines étaient même du quart de finale disputé en 2003 par le
Gömrükçü Bakou.
Dauphine de Rossiyanka la saison dernière, l’équipe de Krasnogorsk
l’est également cette année après être revenue à un point grâce à sa
victoire 1-0 dans le match qui opposait les deux équipes.
Il ne s’agit donc pas d’une équipe d’une sous division européenne
mais d’une équipe majeure de la troisième nation au classement UEFA
(derrière l’Allemagne et la France). Ce qui rend la performance
lyonnaise d’autant plus impressionnante.
D’entrée le milieu de terrain lyonnais a étouffé son homologue
russe, et Amandine Henry que l’odeur de la Ligue des Championnes semble
inspirer a propulsé son équipe vers l’avant et quelques frappes en
direction des buts, pour une barre transversale qui donnera l’ouverture
du score par Camille Abily et un but. Louisa Necib a montré qu’elle
n’était pas si mal à l’aise sur les terrains difficiles et les deux
trios d’attaque qui se sont succédés (avec Lotta Schelin, Eugénie Le
Sommer et Élodie Thomis au début et Laetita Tonazzi, Lara Dickenmann et
Ami Otaki à la fin) ont mis au supplice l’arrière garde de Zorkiy.
Bien entendu l’OL est qualifié sauf cataclysme et Patrice Lair
pourra faire tourner son effectif au match retour, ce qui ne sera pas
du luxe avant les matchs contre Montpellier et le PSG et un voyage au
Japon pour une Coupe du monde des clubs pas tout à fait officielle mais
organisée par la fédération japonaise et où Lyon sera présent en tant
que vainqueur de la Ligue des Championnes face aux Australiennes de
Canberra United et aux Japonaises du NTV Beleza et de l’INAC Kobe
Leonessa.
Stabæk, un habile mélange
Juvisy avait également affaire à une équipe de haut niveau contre
les Norvégiennes de Stabæk actuellement deuxième de Toppserien à deux
journées de la fin, six points derrière le LSK de Cecilie Pedersen et
d’une Isabelle Herlovsen ressuscitée après son passage à Lyon, et trois
points devant Røa (pénalisé de deux points par la DNCG locale).
Stabæk est un habile mélange entre des anciennes très expérimentées
et des jeunes très talentueuses. Dans la première catégorie, le duo
formé par la capitaine Katrine Søndergaard Pedersen et Ingvild
Stensland fait la loi au milieu de terrain. La première détient le
record de sélections de l’équipe nationale danoise dont elle est un
pilieur depuis près de vingt ans. La seconde est connue en France
depuis ses deux saison passées à Lyon et est capitaine de la sélection
norvégienne. Derrière elles on trouve Trine Rønning, autre figure
emblématique de l’équipe de Norvège et la gardienne Ingrid Hjelmseth,
particulièrement remarquée lors du bon parcours norvégien de l’Euro
2009. Enfin devant, on trouve Leni Larsen Kaurin revenue en Norvège
après un tour d’Allemagne des grands clubs (Potsdam, Francfort,
Wolfsburg).
Cette épine dorsale permet l’éclosion de jeunes joueuses au premier
rang desquelles Ada Hegerberg, meilleure buteuse du championnat et
absente contre Juvisy, sa sœur Andrine, l’arrière droite Ingrid Bakke,
Caroline Hansen qui a tenu la pointe de l’attaque et Ida Enget qui
s’est procuré les meilleures occasions mais qui a manqué d’à-propos au
moment de conclure.
Juvisy tient le choc
Face à cette opposition relevée, Juvisy se présentait dans une
composition classique (et dans un maillot abject qui montre que
l’opposition entre professionnels et amateurs s’efface devant la toute
puissance du marketing et de ses hérésies chromatiques faisant jouer
Lyon en noir et Juvisy en bleu ou en rose). En l’absence de Sandrine
Dusang, toujours blessée, Anaig Butel était associée à Nelly Guilbert
dans l’axe de la défense. Dans la recherche de la remplaçante de
Laetitia Tonazzi en pointe, c’était cette fois ci la Belge Janice
Cayman qui était de corvée. Mais la vrai surprise était à l’autre bout
du terrain où Tanya De Souza était préférée à Marion Mancion dans les
buts.
Au bout d’un match solide, les Essonniennes reviennent avec ce
qu’elles étaient venues chercher, un match nul qui préserve leurs
chances pour le match retour. Elles auraient même pu obtenir mieux
après l’entrée de la championne du monde M17 Kadidiatou Diani à la
place d’une Janice Cayman qui ne fera sans doute pas carrière en
pointe.
Attention cependant au fait que le résultat de 0-0 est un peu un
piège pour l’équipe qui reçoit au retour, mais Juvisy partira
légèrement favori pour la qualification.
Torres et Rossiyanka prennent une option
Dans les autres matchs, l’équipe sarde de Torres a pris un net
avantage sur les Roumaines de Cluj grâce à un triplé de l’éternelle
Patrizia Panico. Rossiyanka est allé s’imposer sur la pelouse du
Bohemians Prague face au Sparta grâce à la jeune nigériane Desire
Oparanozie, la joueuse phare de la relève des Super Falcons.
Les deux équipes Suédoises enfin se sont mises en position favorable
pour le retour mais sans avoir vraiment fait la différence. Malmö l’a
emporté sur Bardolino grâce à un but d’entrée d’Anja Mittag, son 39e
dans la compétition, mais devra se méfier : au tour précédent, l’équipe
de Vérone avait été battue 2-0 par Birmingham à l’aller mais avait
renversé le résultat en gagnant 3-0 au retour.
De son côté, Göteborg est allé chercher le nul au Danemark face au
Fortuna Hjørring, l’Américaine Yael Averbuch ayant répliqué à Nadia
Nadim. Sa situation est assez similaire à celle de Juvisy.
Les matchs retours auront lieu les 7 et 8 novembre et les quarts de finale en mars.
8e de finale aller de la Ligue des Championnes de l’UEFA
- Zorkiy-Lyon 0-9 : Abily 14′, Necib 20′, 26′, 62′, Henry 54′, 84′ pen., Tonazzi 69′, Kostyukova 78′ csc, Otaki 81′
- Stabæk-Juvisy 0-0
- Fortuna-Göteborg 1-1 : Nadim 65′ ; Averbuch 72′
- Malmö-Bardolino 1-0 : Mittag 2′
- Torres-Cluj 4-1 : Dominichetti 10′, Panico 24′, 73′, 58′ ; Vătafu 51′
- Sparta Prague-Rossiyanka 0-1 : Oparanozie 12′
- Arsenal-Potsdam 2-1 : Chapman 70′, White 82′ ; Nagasato-Ogimi 89′
- Wolfsburg-Røa 4-1 : Herregården 30′ csc, Jakabfi 40′, Popp 75, Pohlers 81 ; Haavi 22′
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