mardi 21 mai 2013

Interview

Appelez-les "les imbattables". C’est en tout cas comme ça qu’elles sont surnommées sur le site officiel de Wolfsburg, leur futur adversaire, en finale de Ligue des champions de l’UEFA féminine, ce jeudi 23 mai. Certes, un tel sobriquet semble toujours un peu exagéré quel que soit le sport, mais il paraît légitime s’agissant des joueuses de l’Olympique Lyonnais, tant elles dominent aujourd’hui le monde du football féminin. 

Les faits sont là. En championnat de France, l’OL est invaincu depuis le 14 mars 2010 et une défaite face au FCF Juvisy 2:0. Toutes compétitions confondues, les Rhodaniennes n’ont plus été battues, dans le temps réglementaire, depuis le 17 mars 2010. Elles n’ont en effet concédé que trois défaites aux tirs au buts, en finale de Ligue des champions 2009/10 face au Turbine Potsdam et deux autres en Coupe de France, face au Paris Saint-Germain et à Juvisy, en 2010 et 2011 respectivement. 


Au-delà de ces belles séries, il y a aussi les trophées : sept titres de champion, une Coupe de France et deux Ligues des champions de l'UEFA, pour n’évoquer que les séries en cours. Difficile donc de trouver meilleur C.V. sur la planète foot. A quelques heures d’une quatrième finale continentale de suite, FIFA.com a rencontré Louisa Nécib et Patrice Lair, respectivement milieu de terrain et entraîneur de la machine à gagner. 

"Je crois que les gens n’ont pas forcément conscience de ce qu’est en train de réaliser cette équipe. Malheureusement, ça devient presque une routine. Dernièrement, on a gagné aux penalties en demi-finale de Coupe de France, face à Montpellier. Et on nous donne un peu l’impression d’avoir perdu 4:0", analyse Lair, entraîneur de l’OL au sujet d’un match qui, ironie du sort, a sportivement été proposé de rejouer par son Président Jean-Michel Aulas, après un tir au but litigieux. 


"Je ne sais pas si nos performances sont appréciées à leur juste valeur. Si aujourd’hui une équipe de garçons réalisait les performances que nous réalisons, peut-être qu’elle serait davantage mise en exergue. D’un autre côté, nous, joueuses, sommes satisfaites de ce que l’on fait et ça nous suffit", lance modestement Nécib. "On donne à manger du caviar, mais un jour, il n’y en aura plus. On vit une épopée fabuleuse. Ça fait trois ans qu’on ne perd pas, qu’on est conquérant, qu’on marque une tonne de buts ! A un moment, on va avoir une faiblesse et ce sera normal. Mes joueuses ne sont pas des extra-terrestres," prévient toutefois Lair. 

Elles sortent tout de même un peu de l’ordinaire... Peu de clubs peuvent d’ailleurs se targuer de compter autant de talent dans ses rangs, avec des joueuses du calibre de Camille Abily, Lara Dickenmann, ou Nécib. Et comme si ça ne suffisait pas, Lyon a également recruté en début de saison les stars américaine et japonaise Megan Rapinoe et Shinobu Ohno. "Megan est une fabuleuse joueuse, mais elle est inconstante. J’espère qu’elle va devenir plus régulière", souligne Lair. "Quant à Shino, elle a du mal à s’adapter à la mentalité française. J’espère que ça va se débloquer et qu’elle va apporter tout ce que j’espérais, c’est-à-dire de la profondeur dans le jeu, de la vivacité et de l’efficacité." 


La victoire sinon rien 
Certes, l’entraîneur lyonnais n’est pas tendre avec une championne olympique et une championne du monde, mais c’est ça la méthode "Lair" : l’exigence pour viser l’excellence. "A Lyon, toutes les joueuses sont mises sur un pied d’égalité. Aucune n’est véritablement titulaire. Il suffit d’une baisse de régime pour se retrouver en équipe réserve, voire sur la touche", confirme l’intéressé. Concrètement, l’internationale suédoise Lotta Schelin, élue meilleure joueuse du championnat de France en mai, s’est par exemple vue être reléguée en équipe B, le temps d’un match, en octobre. 

"Il n’est pas sévère, mais très rigoureux. Il vise juste l’excellence", tempère Louisa Nécib, qui connaît bien l’homme pour avoir déjà été sous sa direction à Montpellier, en 2006. "Il a une part importante dans nos titres. Il apporte beaucoup à Lyon par son professionnalisme. Il insiste sur le fait d’être toujours à fond, de ne pas se relâcher. C’est évidemment le danger quand une équipe gagne tout. Mais lui arrive à nous maintenir au meilleur niveau." Il parvient même à élever ce niveau. Cette année, en Ligue des champions, Lyon a signé huit succès en autant de rencontres, inscrivant 29 buts et n’en concédant qu’un seul. Même chose en championnat, où l’OL a réussi l’exploit de signer 21 victoires en autant de matches, marquant la bagatelle de 129 buts pour seulement cinq encaissés. "Mon travail est tout de même plus facile qu’un entraîneur qui a des filles qui viennent s’entraîner le soir après le boulot ou après les cours ! Moi j’ai la chance d’avoir un groupe professionnel, et c’est normal qu’on ait des bons résultats. Aujourd’hui, je dois être un des entraîneurs les plus chanceux au monde !", commente Lair. 

Il semble en tous cas faire des envieux, à commencer par Ralf Kellermann, son homologue de Wolfsburg. "C’est la meilleure équipe de club de tous les temps", estime l’entraîneur des Louves au sujet d’un Lyon décidément effrayant.

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