vendredi 26 avril 2013

Qui c’est les plus fortes ? Evidemment, c’est les Lyonnaises


Comme on se retrouve! Une semaine après la victoire à Gerland (3-0), l’OL se déplaçait à Bondoufle pour y affronter Juvisy en demi-finale de la Women Champion’ s League. Remontées à bloc après le bras d’honneur de Patrice Lair et la plainte déposée à l’UEFA, les Essonniennes se sont fait dévorer par la meilleure équipe d’Europe (6-1). Galvanisées par la suspension de leur coach, les Lyonnaises ont régné en maître sur le match.
L’histoire retiendra que cette demi-finale se disputait sous un soleil éclatant et devant près de 11 000 spectateurs, véritable tour de force connaissant la difficulté pour rejoindre Evry et son stade de Bondoufle (transports). Malgré la défaite cuisante au match aller, Juvisy n’avait rien changé. Évoluant dans son fameux 4-3-3, la tactique était la même qu’au match aller, bloquer l’axe pour éviter que les Lyonnaises puissent se transmettre le cuir et accélérer le jeu. Toutefois avec l’absence de Camille Catala (blessée), la jeune Diani était titularisée sur l’aile droite pour apporter toute sa hargne à une équipe qui en avait besoin. Pour ça, Juvisy s’organise en 3 blocs bien distincts : l’arrière-garde, 3 joueuses au milieu de terrain et les 3 offensives. Pourtant le bloc essonnien est plus haut qu’au match aller. Sandrine Soubeyrand, toujours en sentinelle, se retrouve au même niveau que ses 2 comparses de l’entrejeu. Cette prise de risque permet ainsi à Louisa Nécib, alternant en n° 10 avec Camille Abily, de décrocher ou se faufiler entre les lignes pour orienter le jeu lyonnais.
3 blocs bien distincts côté JUV91. Les ronds représentent Abily et Nécib très libres. Tandis que les flèches blanches soulignent la mise en place des joueuses sur les côtés lyonnais, des doublettes toujours proches
3 blocs bien distincts côté JUV91. Les ronds représentent Abily et Nécib très libres. Tandis que les flèches blanches soulignent la mise en place des joueuses sur les côtés lyonnais, des doublettes toujours proches
Alors qu’au match aller, les Lyonnaises étaient bloquées durant les premières vingt minutes par l’excellent travail défensif de Juvisy, les filles vont rapidement trouver des moyens pour s’en sortir. Pour ça, les filles d’Antonin Da Fonseca, coach principal dû à la suspension de Patrice Lair, vont alterner jeu court et jeu long dès le début de match. Le travail de Lotta Schelin en attaque est toujours aussi incisif. La Suédoise va empoisonner la défense centrale par, soit ses décrochages soit ses appels dans la profondeur. La défense centrale va souvent être prise à défaut ne sachant comment intervenir sur la meilleure attaquante d’Europe. De plus, le milieu de l’OL ne laissera pas Juvisy les empêcher de jouer. Beaucoup plus remuantes qu’à l’aller, Louisa Necib et Camille Abilyn’hésiteront pas à descendre au niveau de leur défense centrale pour récupérer le cuir et pouvoir contrer le milieu de Juvisy, très haut au début de la rencontre, avec de longues passes vers l’avant.
Les Lyonnaises amplifient leur domination obligeant le bloc essonnien à reculer pour défendre. L’équipe est acculée obligeant les milieux de terrain à redescendre pour organiser le jeu. Gaëtane Thiney, bien trop haute, est introuvable au contraire du début de match à l’aller. Coquet fait les efforts. Or, quand l’équipe attaque, il manque un vrai lien entre le milieu et l’attaque. Les espaces sont trop nombreux entre les lignes. De plus, les ailières sont plus occupées à travailler sur le plan défensif qu’à apporter leur soutien en attaque. L’une des seules actions dangereuses de la 1re période viendra de Julie Machart dont la vivacité dans les petites espaces pouvait faire la différence. Sur le 1er but lyonnais, les failles de Juvisy sont mises en avant. Camille Abily décroche. Au milieu de terrain, elle ouvre pour Thomis. Trop hautes et mal placées, l’ailière et la latérale Juvisienne sont prises dans la profondeur et par la vitesse de l’Antillaise. Elle n’a plus qu’à centrer pour Megan Rapinoe, laissée seule par Soyer pas assez concentrée et semblant fatiguée sur l’attaque. 1-0, la messe est déjà dite.
L'action du 1er but. Les flèches rouges indiquent les déplacements des joueuses de l'OL. Dès que la passe est faite, l'armada offensive se met en route. Remarquons ici avec les ronds jaunes, que le bloc offensif travaille ensemble et que Louisa Nécib est déjà entre les lignes (rond plus reculé)
L’action du 1er but. Les flèches rouges indiquent les déplacements des joueuses de l’OL. Dès que la passe est faite, l’armada offensive se met en route. Remarquons ici avec les ronds jaunes que le bloc offensif travaille ensemble. Louisa Nécib est déjà placée entre les lignes (rond plus reculé)
Lyon sait défendre
Le score est fleuve. La domination de Lyon est sans conteste. Or, Juvisy a bien essayé de répondre. Comment ? Avec leurs moyens. Manquant de liant entre le milieu et l’attaque, la folie et surtout la volonté d’exister sembleront s’escompter au fil du match. Les solutions sont trop peu nombreuses. Plusieurs fois, durant la rencontre, Thiney se retrouvera avec le ballon, réussissant à faire remonter le bloc. Or, le plus souvent, elle sera intelligemment poussée vers la touche par le bloc lyonnais. Avec un bloc défensif compact, mais surtout deux milieux jouant le rôle de sentinelle, l’OL oblige les Essonniennes à écarter le jeu sans trouver d’espaces. Le seul moyen pour Juvisy de s’en sortir résulte de l’utilisation des petits espaces ou l’exploit personnel. Le second but de l’OL soulignera cette idée. Kadi, esseulée, perd le ballon aux 28m. Rapidement, Renard passe la balle à Rapinoe qui lance Schelin en profondeur. La suite, vous la connaissez.
Voici le 2ème but de l'OL. Sur la première image, les ronds jaunes soulignent que l'attaque de Juvisy est sur la même ligne. Kadi est de plus esseulée. L'OL va récupérer le ballon grâce à son marquage (les ronds bleus). Elles sont deux sur la joueuse. Sur l'image de droite, la flèche verte souligne que le milieu de terrain de Juvisy, très haut, est sauté par la passe en profondeur de Rapinoe (rond rouge). Quand à la flèche Bleue, il souligne que les doublettes fonctionnent. Thomis a fait le travail défensif c'est Dickenmann qui part à l'abordage
Voici le 2ème but de l’OL. Sur la première image, les ronds jaunes soulignent que l’attaque de Juvisy est sur la même ligne. Kadi est de plus esseulée. L’OL va récupérer le ballon grâce à son marquage (les ronds bleus). L’OL est toujours à deux joueuses sur la porteuse de balle. Sur l’image de droite, la flèche verte met en exergue le placement très haut du milieu de la JUV 91, sauté par la passe en profondeur de Rapinoe (rond rouge). Quand à la flèche Bleue, il souligne que les doublettes fonctionnent. Thomis a fait le travail défensif c’est Dickenmann qui part à l’abordage
Le vrai problème de Juvisy éclate au grand jour depuis quelques matchs. Avec la perte de Laëtitia Tonazzi(lyonnaise depuis cet été), le club essonnien manque d’une grosse pointure aux avant-postes. Alors qu’elle était annoncée en pointe, Janice Cayman a souvent interchangé son poste avec ses comparses de l’attaque juvisienne. Pourtant, la Belge pourrait s’imposer comme point de pivot dans l’équipe. Puissante, rapide et capable de tenir le ballon, ses quelques décrochages durant le match ont créé du mouvement au niveau l’attaque de la JUV 91. Souvent mise au second plan la saison passée, Tonazzi était la pièce maîtresse du secteur offensif. Par ses déplacements, elle créait des espaces et permettait à Gaëtane Thiney de démontrer son talent pour finir les actions et aller au bout des idées de jeu de Sandrine Mathivet. Juvisy devrait poursuivre sur cette voie avec Janice Cayman dont les caractéristiques sont tout à fait compatibles avec ce style de jeu.
Le second but de l’OL met bien en avant cette idée que Lyon n’est pas qu’une armada offensive. Intraitable offensivement, la défense est également gage de sureté. Souvent très peu inquiétée, Sarah Bouhaddi a peu l’habitude d’aller chercher le ballon dans ses buts. La force de l’équipe réside au milieu de terrain.Complémentaire offensivement, le trident semble être aussi performant sur le plan défensif. Amandine Henry a un rôle d’aboyeuse. Plus défensive que ses deux comparses, sa hargne et sa capacité à harceler son adversaire direct permettent à son équipe de récupérer rapidement le ballon et surtout de jouer haut. Elle peut ainsi soit chercher à côté d’elle Camille Abily, plaque tournante du jeu, ou Louisa Nécib qui va accélérer le jeu. De plus, beaucoup d’équipes, comme Juvisy lors des deux matchs, jouent avec une seule attaquante. La défense centrale est rodée pour répondre à cette donnée. Comme en Équipe de France, Laura Georges et Wendie Renard jouent chacune leur tour dans une position plus avancée ce qui permet d’avoir une vraie stoppeuse capable d’aider sa sentinelle du milieu et une libéro qui couvre ses latérales. Tout est réglé au millimètre.
Le fameux trident au travail
Le fameux trident au travail
Et si Lyon était invincible ?
La question semble trotter dans les têtes depuis maintenant quelque temps. Lyon, double vainqueur de la Ligue des Champions, semble être seul au monde. Les comparaisons (plus ou moins hasardeuse) avec le FC Barcelone ne cessent de croître. Alors que la D1 n’a plus grand suspense, la plus grande compétition européenne s’oriente dans cette voie. Balayant leurs adversaires avec une facilité déconcertante, Patrice Lair a réussi à construire un groupe solidaire, privilégiant le collectif au détriment des nombreuses individualités dont regorge l’ogre rhodanien. La comparaison a été même poussée au summum avec Bruno Bini n’ayant pas peur de comparer Lotta Schelin à Lionel Messi. Alors, certes, l’OL est un club professionnel avec des joueuses qui se connaissent sur le bout des doigts. Mais la force de Patrice Lair et de son staff est de pousser l’émulation au maximum entre les joueuses, mais aussi d’effectuer des choix radicaux lorsqu’une joueuse est en dessous de son vrai niveau, comme Louisa Nécib ou Laura Georges l’année dernière. Et si finalement, le coach de l’OL avait réussi à régler l’un des plus gros problèmes du football français, que ce soit au niveau masculin ou féminin, c’est-à-dire l’acceptation de la concurrence dans les grands clubsÀ bon entendeur.

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