Avant de s’envoler pour la Suède afin de disputer l’Euro 2013, les Bleues jouaient leur dernier match de préparation face à l’Australie. Classées à la 10e place FIFA, les Australiennes ont subi, mais sont venues à bout des filles de Bruno Bini (2-0). À Angers, les Goaloises – nouveau sobriquet de l’Équipe de France – se sont fait fumer. Trop brouillonnes, stéréotypées dans le jeu, elles se sont butées face à une équipe « asiatique » parfaitement organisée pour jouer le contre.
Les Bleues sans solution
En pleine préparation pour une compétition qui pourrait être réellement charnière quant à l’avenir du football féminin français, Bruno Bini n’a pas osé la fantaisie. Dans un 4-2-3-1 habituel, les Bleues devaient se priver de Laure Boulleau – mise au repos – et de Louisa Necib, touchée et présente en tribunes. En face, les Matildas s’orientaient vers le même plan de jeu. Conscientes de la qualité de jeu des Françaises, les Australiennes préféraient presser afin de forcer les Goaloises à balancer plutôt que chercher les intervalles. Et cela fonctionne à la perfection. Le bloc asiatique est bien organisé et placé haut sur le rectangle vert. Pour pouvoir mettre en place un tel système, Hesterine De Reus – coach de l’Australie – compte sur le travail de De Vanna. Tout au long de la première période, la joueuse de Sky Blue (club de la NWSL, NDLR) va être la « première » défenseuse. Ainsi, elle empêche les Bleues de poser leur jeu et reste à l’affût de tout ballon perdu.
C’est au tour de Butt de rentrer en action. Aidée – ou non – par une 6, la n° 10 de l’Australie a comme rôle de bloquer les liaisons au milieu de terrain entre les deux milieux défensives françaises et leur ligne offensive. Elle force Camille Abily à allonger le jeu pour Elodie Thomis ou Marie Laure Delie. Les Goaloises vont réussir à s’en sortir, mais leur jeu va en devenir stéréotypé. Le plus souvent, la n° 6 française balance un long ballon dans le dos des latérales Australiennes placées bien trop hautes. Connaissant ses faiblesses, la défense des Matildas va coulisser parfaitement afin de stopper Elodie Thomis ou bien dégager ses nombreux centres ne trouvant aucune coéquipière.
Le travail défensif est collectif. Si les Matildas ont remporté le match, c’est grâce à leur volonté et leur esprit d’équipe. Les deux milieux défensives australiennes vont être mises à l’épreuve. Durant toute la rencontre, elles vont harceler Gaëtane Thiney qui touchera trop peu de ballons pour apporter le danger. La Juvisienne sortira son épingle du jeu avec de nombreuses frappes à l’entrée de la surface. Afin d’influencer le jeu, elle cherche la latéralité ou se place à la récupération de ballons mal dégagés. « Tatane » n’a pas pu apporter sa technique au jeu et percer le bloc axial australien bien regroupé. Ce nouveau mauvais résultat met en exergue la relation Delie-Thiney qui ne marche pas ! La n° 10 française n’est pas une « mangeuse » d’espace. Manquant de vitesse et d’une certaine aisance technique comme une Louisa Necib, elle profite des espaces créés par sa coéquipière aux avant-postes pour pouvoir apporter sa pierre à l’édifice et créer le danger. Quand Tonazzi jouait encore à Juvisy, Thiney jouait plus comme une 9 et demi. Moins organisatrice – mais plus buteuse -, l’employée de la FFF se plaçait le plus souvent derrière sa coéquipière pour récupérer les ballons afin d’écarter le jeu ou prendre sa chance. Gaëtane est capable de faire la différence dos au mur mais l’Essonnienne fait part de son talent surtout en étant face au jeu. Elle est plus à l’aise avec une pivot qu’une flèche comme Marie-Laure Delie qui cherche avant tout la profondeur. Elle n’a pas la qualité de passe d’une Camille Abily ou Elise Bussaglia. Et ce n’est pas son rôle !
Plutôt un problème mental ?
La question reste en suspens depuis quelque temps. Alors que Camille Abily joue en n°10 avec l’OL – cette année en tout cas –, la légendaire milieu de terrain n’est pas reconnaissable en équipe de France. Prenant trop peu de risques, elle devrait être la plaque tournante de cette équipe. Au contraire, elle est juste limitée à son travail défensif et des longs ballons pour Élodie Thomis. Durant toute cette rencontre, la Lyonnaise n’a pas joué son rôle, celle d’une n° 8 ! Joueuse box-to-box, elle est montrée que trop peu souvent. Dès que Camille s’est permis d’avancer sur le terrain, le jeu français s’est mieux porté. Mais la Lyonnaise – comme son équipe – ne semble pas en confiance. Mal à l’aise, Abily va même rater son penalty !
La tactique est une donnée, mais n’explique pas tout. Sur cette nouvelle rencontre, le système de jeu n’est pas totalement à mettre en cause. Les Goaloises se sont créés près de 7 occasions sans concrétiser. Alors quel est le problème ? Depuis les JO 2012 (et l’affaire Bompastor ?), les Françaises encaissent trop de buts, mais surtout n’en marquent pas assez ! Face à l’équipe asiatique, l’arrière garde-française a encore souffert. À l’aise sur de longs ballons, la défense a beaucoup de mal face aux joueuses vivaces. Lisa De Vanna – intenable tout au long de la rencontre – a mis en exergue ce gros défaut. Les latérales ont profité des aides défensives de leurs ailières respectives afin de bloquer le jeu latéral des Australiennes. Au contraire, dans l’axe, les portes étaient grandes ouvertes. Prises de vitesse sur contre, les deux milieux défensives françaises ne pouvaient pas combler les trous. Les lignes sont trop étendues. Il n’en faut pas plus pour les Matildas. Préférant le contre, leur n° 10 est toujours placée vers le jeu permettant rapidement de relancer vers la buteuse vivace.
Rendez-vous maintenant le 12 juillet pour le 1er match de la compétition face à la Russie. Les Bleues devront confirmer tout l’engouement derrière elles. Les Goaloises devront surtout éviter de reproduire les mêmes performances. Espérons que cette défaite ne soit qu’une simple alerte…
http://www.sharkfoot.fr par charles.chevillard
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