Données favorites, les Bleues avaient l’occasion de passer le cap des quarts de finale. En 2009, les Goaloises s’étaient inclinées au même stade face aux Pays-Bas après une séance de tirs au but. Cette fois-ci, le Danemark se dressait devant elles. Incapables de gagner en phase de poule, les Scandinaves se sont qualifiées après un tirage au sort, voyant la Russie éliminée de la compétition. Le « miracle » s’est produit. Le Danemark a vaincu la France aux tirs au but (1-1, 4-2 TAB). Une cruelle défaite qui met en exergue les nombreux problèmes des Françaises durant cette rencontre mais surtout ces derniers mois.
Une 1ère mi-temps, prémices d’une soirée compliquée
La confiance était bel et bien présente pour ce quart de finale. Ayant gagné leurs 3 matchs durant les phases de poule, les Bleues voulaient poursuivre leur beau parcours. Pour ça, Bruno Bini avait gardé son 4-2-3-1. La défense habituelle reprenait sa place. Au milieu, Élise Bussaglia et Sandrine Soubeyrand étaient alignées. La Lyonnaise sera la « quaterback » de l’équipe, la plaque tournante des Françaises en sentinelle devant sa défense. Au contre, la Juvisienne allait avoir un peu plus de liberté se permettant de jouer plus haut. Du moins si les Danoises ne les bloquent pas… Avec l’absence de Marie-Laure Delie – blessée –, le sélectionneur national devait composer à l’avant. Gaëtane Thiney est alignée au poste d’avant-centre. Mais rapidement, elle laissera sa place à Eugénie Le Sommer, prévue sur l’aile gauche. Louisa Necib – n° 10 – prendra l’aile gauche. C’est « Tatane » qui bascule dans l’axe et même sur l’aile gauche le plus souvent en 1ere période. Malgré la passivité des latérales danoises et leur manque de vitesse, Elodie Thomis commence le match sur le banc. Camille Abily se retrouve ailière droite. Plus à l’aise dans l’axe, elle occupe parfois cette place comme à la Coupe du Monde 2011 durant laquelle la Bretonne semblait être perdue.
La défense danoise, ciment d’un 1er acte parfait
Comme expliqué lors d’un dernier article, l’équipe danoise sait défendre. Annoncée le plus souvent en 4-3-3, elle n’utilise pas cette mise en place et sait s’adapter. Lors du 1er acte (et tout au long du match), elles vont réussir le coup parfait. Ayant étudié le jeu des Françaises, les Scandinaves sont conscientes que le 1er danger des Goaloises provient de leur entrejeu. Avec Bussaglia titulaire, les filles de Kenneth Heiner-Møller devaient effectuer un pressing constant et agressif pour quadriller la Sedanaise. L’excellent duo composé de Harder et Knudsen va s’en charger. Le 4-3-3 se transforme en 4-4-2 avec le travail de sape des deux joueuses offensives. Chacune va prendre au marquage individuel soit Elise ou sa comparse, Sandrine Soubeyrand.Les deux Scandinaves obligent les Françaises à décrocher très bas pour toucher le ballon et orienter le jeu. Quand la défense centrale française s’appliquer à relancer, l’une des milieux défensives danoises sort pour gêner la relance. Elle laisse donc Soubeyrand ou Busssaglia, seule. Or, le système tactique est bien rodé. La capitaine – Pedersen – sort sur la milieu en question.
Cette mise en place tactique – presque parfaite – est aussi orchestrée par les latérales. Lors de ses premières rencontres en Suède, le Danemark a démontré une vraie facilité à poser le jeu, une certaine maitrise des petits espaces et une mise en place offensive permettant aux latérales de monter. Or, contre la France, le groupe de Kenneth Heiner-Møller va continuer à poser le ballon, mais ne va pas prendre de risques incommensurables. Le mot d’ordre était de faire déjouer les Bleues. Si nous nous conférons aux (mauvais) résultats des bleues lorsque cette tactique est employée par l’adversaire, le Danemark avait vu tout juste. Les latérales vont rester basses. Elles vont avoir l’intelligence de bloquer dans un premier temps l’équipe de France. Les lignes sont à plat. Ayant peu de « sprinteuses » sur les ailes, les Bleues repiquent dans l’axe et se heurtent au bloc axial, très dense, des Scandinaves. Les latérales se régalent pour contrer. Tout au long de la 1ère période, sur chaque récupération (ou presque), Theresa Nielsen va débouler sur son aile droite. Les ailières ne font pas l’effort de revenir, comme Thiney laissant leurs joueuses respectives plutôt seules.
L’attaque française amorphe
Au contraire, offensivement, Thiney a joué son rôle. En première période et au fil du match, elle a réussi avec ses qualités à se procurer quelques occasions sans trouver le cadre. Une vilaine habitude de la Juvisienne durant les grandes rencontres. Lors du 1er acte, le bloc français est trop bas. Au lieu de mettre la pression sur les danoises, elles regardent les scandinaves jouer tranquillement leur jeu. Les espaces sont trop nombreux dans le milieu français. Sur le plan offensif, le duo Bussaglia / Soubeyrand n’a pas fonctionné. Bloquées par les deux milieux adversaires, elles doivent redescendre pour chercher le ballon ou allonger le jeu. Lorsque les ballons arrivent sur les ailières françaises, les solutions sont minimes. De plus, la capitaine française montre très souvent en n°8. Avec les nombreuses pertes de balles, elle laisse Elise Bussaglia, seule, devant rattraper les milieux axiales adversaires. Louisa Necib, esseulée durant de longues minutes en n° 10, fait l’effort de combler les écarts entre les lignes. Assez libre, elle touche trop peu le ballon. La mise en place tactique défensive des Scandinaves oblige Eugénie Le Sommer – buteuse – à s’écarter pour toucher le cuir. Les ailières – plus axiales qu’autre chose – n’ont pas les moyens de dribbler leurs adversaires. Dans ses conditions, elles plongent souvent dans l’axe. Le Sommer est prise dans les entrailles danoises. Les latérales françaises, souvent basses, doivent faire l’effort de monter pour combiner. Or, les écarts sont trop importants entre les lignes et le temps d’attente permet aux Danoises de se replacer. Les seules solutions françaises restent les coups de pied arrêtés ou bien les frappes à l’entrée de la surface. Le bloc français est trop bas. Les Goaloises ne prennent pas assez la profondeur.
Une seconde mi-temps pleine d’espoir
Les changements tactiques se font ressentir. Bruno Bini a fait des choix. Elodie Thomis rentre à place de Soubeyrand. L’Antillaise prend son aile droite. Camille Abily revient dans l’entrejeu français et aura comme tâche d’être le relais entre le milieu et l’attaque, jouer en 8. Gaëtane Thiney reste dans l’axe. Elle se permettra même, souvent, de venir au niveau d’Eugénie Le Sommer afin d’amener une présence de plus sur le front de l’attaque. Louisa Necib passe sur l’aile gauche, mais n’hésitera pas à coulisser dans l’axe. Les Françaises vont revenir avec d’autres intentions. Le pressing est plus important, le bloc français plus haut. Les ballons récupérés sont bien plus nombreux. Le duo Abily / Bussaglia quadrille le milieu de terrain. Les Bleues profitent également de la fatigue des Danoises. Émoussées physiquement, elles accumulent les petites fautes techniques permettant aux filles de Bruno Bini de récupérer le cuir.
Les Françaises attaquent beaucoup plus. Elles utilisent la largeur. Tout en restant stéréotypées. Quand le jeu tangue à droite, on utilise la profondeur avec les montées de Franco et la vitesse de Thomis. L’ailière droite fera de nombreux efforts défensifs pour bloquer les latérales adversaires. Face au jeu, elle fait monter le bloc français et apporte le danger avec des dribbles chaloupés. Malheureusement, ces centres ne trouveront pas preneuses à cause d’un dernier geste peu précis ou simplement d’une ligne offensive trop alignée. Seule Abily reste parfois en soutien pour récupérer le cuir. À gauche, c’est Laure Boulleau qui va attaquer. La Parisienne profite du profil axial de Necib qui coulisse souvent dans l’axe. Elle combine avec elle. Dans l’axe, c’est bien plus compliqué. Thiney joue souvent en 9 et demi, seconde attaquante. La Juvisienne profite des décrochages de Le Sommer pour prendre l’axe et essayer d’apporter le danger. Capable de dribbler dans des petites espaces, elle fera le bon décalage, mais sans trouver la brèche. Le bloc axial danois est très dense et oblige les Françaises à élargir leur jeu sans trouver de véritables solutions. La gardienne Petersen dégage tout et la très bonne défense centrale se régaler sur les nombreux centres des Goaloises. Le penalty de Louisa Necib, auteur d’une performance bien moyenne sauvera les meubles, auteur d’une performance bien moyenne.
La deuxième période (ainsi que durant la prolongation) se rapprochent d’une attaque défense. Les Danoises font le dos rond et essayent d’agir en contre sans trouver de solutions. Conscientes de leurs difficultés, le 4-2-3-1 (voir 4-4-2) fait place à un 4-5-1 (voir 4-6-0). L’objectif est clair, défendre. Les Françaises trop naïves continuent de buter sur cette défense, solide dans l’axe. De nombreuses fois, Élodie Thomis va faire la différence, mais sa maladresse la rattrape. Les Françaises sont réduites – tout au long de la prolongation ou presque – à tirer en dehors de la surface. Au lieu de faire tourner le cuir et de chercher la brèche, les Bleues vont s’appliquer à insister sur les mêmes actions sans faire preuve de créativité. Camille Abily va même jouer le rôle d’une n° 10 voir attaquante à la fin du match. Les Bleues se retrouvent en 4-2-4 sans trouver de profondeur ou pouvoir réellement combiner. La séance de tirs au but sera fatale.
Et maintenant, que faire ?
La défaite fait mal. Encore plus celle-ci. Déçues de ne pas avoir ramené de médailles lors de la Coupe du Monde 2011 et surtout les JO en 2012, les Françaises rentrent une nouvelle fois à la maison sans titre. A qui la faute ? Chahuté avant la compétition, Bruno Bini avait presque (re)conquis une partie du public grâce à des matchs de poule plutôt maîtrisés. Les médias continuaient à s’y intéresser et l’engouement général croissait. Mais, comme d’habitude, les Goaloises ratent la dernière marche. Ayant déjoué durant la rencontre, elles sortent de cet Euro tête basse. Le plus criant aura été le manque chronique de finition et l’incapacité à concrétiser leur puissance.
C’était sûrement la dernière occasion pour certaines de remporter un titre. Tactiquement à la rue, Bruno Bini devra assumer cette déconvenue. Il ne reste plus qu’à espérer que le groupe n’explose pas comme avec l’affaire Bompastor qui avait fait grand bruit. Ou encore l’enquête assassine du JDD sur le sélectionneur national. Continuer avec Bruno Bini et son « projet de vie » ou arrêter la collaboration, le dernier mot reviendra à la fédération.
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